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    Ixcanul, ou ce qui reste du volcan maya

    ixcanul poster

    Ixcanul

    de Jayro Bustamante

    Drame

    Avec María Mercedes Croy, Maria Telon, Manuel Antún

    Sorti le 25 novembre 2015

    Il y a beaucoup de Jorge Sanjines dans Jayro Bustamante, mais avec les couleurs et la langue des mayas du Guatemala en plus et la politique du bolivien en moins.

    Sur le sol qui flanque le volcan Ixcanul, la terre riche permet à la famille de Maria, qui travaille pour une exploitation, de cultiver le café. Maria est promise à un commerçant plus âgé mais la jeune fille s’est amourachée d’un autre ouvrier saisonnier, Pepe, qui, lui, ne rêve que de coucher avec Maria et de partir pour les USA.

    Élevée dans la tradition maya, Maria est pourtant attirée par cet être que tout oppose.

    Le jeune réalisateur Jayro Busamante ne part pas dans un discours idéologique et préfère rester dans la douceur des rites de préparation au mariage et de la collecte du café en esthétisant les traits mayas de ses paysans. Ainsi, Maria et sa mère ressemblent aux stèles sculptées par leurs ancêtres précolombiens à Tikal lorsqu’elles transportent sur leurs têtes les paniers pour marcher le long du chemin du volcan. Ce même volcan qui leur sert de Dieu à prier pour résoudre la grossesse de Maria par Pepe et qui compromet son mariage arrangé.

    Le symbolisme naturaliste et maya de Bustamante use alors du monde animal pour clore la partie poétique du récit qui devient beaucoup plus politiquement engagé dans la veine du maitre bolivien Sanjines.

    En effet, le jeune réalisateur finit sa fable traditionnaliste avec la problématique moderniste des enfants paysans séparés de leurs familles et placés dans des familles bourgeoises qui souhaitent adopter. Bustamante dénonce l’état qui détruit ainsi son patrimoine génétique et culturel en désapprenant la langue millénaire de ces paysans et en atomisant leurs familles.

    Le cinéaste ne fait pas entièrement dans le film idéologique mais emprunte également l’esthétique de la contemplation mexicaine d’un Pedro Gonzalez-Rubio pour mieux éviter le film exotique et davantage souligner la confrontation de deux mondes qui s’opposent et dont la synthèse est la perte de la longévité culturelle du Guatemala.

    Bustamante a remporté un prix au Festival de Berlin et continue son succès dans l’industrie cinématographique naissante du Guatemala. Parlé entièrement en langue maya, son film est un ovni par son aspect esthétique et engagé. C’est pourtant une réalité du continent latino-américain dont la jeunesse est plus tournée vers son voisin du grand nord que vers la richesse de son passé qui se meurt.

    Martin Meddourene
    Martin Meddourene
    Journaliste du Suricate Magazine

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