Le Voyage d’Arlo
de Peter Sohn
Animation, Aventure, Comédie
Avec Jean-Baptiste Charles, Eric Cantona, Olivia Bonamy
Sorti le 25 novembre 2015
Une fois n’est pas coutume, Pixar sort deux films à moins de six mois d’intervalles, alors qu’il nous avait habitué à un opus annuel. Et pour cause, il s’est passé deux ans entre Monstres Academy et Vice Versa, la plage 2014 devant être occupée par ce Voyage d’Arlo, repoussé en raison de complications dans sa production. Avec un tel antécédent, un film est toujours attendu au tournant au moment de sa sortie, et l’excellence de son prédécesseur, l’immense Vice Versa, n’arrange pas les choses.
L’idée de départ du film est pourtant – comme toujours chez Pixar – totalement originale et délirante. Elle prend comme principe que le cataclysme ayant provoqué l’extinction des dinosaures ne s’est jamais produit, et que ceux-ci continuent donc de régner en maître sur la Terre, de nos jours, tandis que les hommes en sont restés au stade d’animal sous-évolué et de proie idéale. Mais à partir de ce « pitch » accrocheur, Le Voyage d’Arlo ne trouve rien de mieux à faire que de dérouler la quête initiatique d’un petit dinosaure maladroit éloigné des siens et devant accomplir un périple qui lui permettra de s’affirmer et d’accepter la mort récente de son père.
En gros, le principe scénaristique est le même que pour Le Monde de Némo. Le film donne donc l’impression de rééditer une recette qui a déjà fait ses preuves par le passé. Pour pimenter un peu tout ça, et y apporter à la fois une touche d’humour bienvenue et une dimension de « buddy-movie », le petit dinosaure Arlo se voit accoler les services d’un « petit d’homme » aux attitudes canines, qu’il baptisera affectueusement Spot.
Pour quiconque a suivi et apprécié l’évolution de Pixar, Le Voyage d’Arlo fait figure de retour en arrière et laisse un goût plutôt amer. Tout y est rassemblé pour que la sauce prenne mais les grosses ficelles qu’il manie et son manque flagrant d’originalité le rendent désespérément plat et anecdotique. Là où Vice Versa abordait la psychologie des enfants et la famille sous un angle totalement inédit, Le Voyage d’Arlo revient à une apologie plan-plan des valeurs familiales traditionnelles avec passage de flambeau symbolique entre le père et le fils. Le gros exploit de Pixar dans tout cela est d’avoir réussi à présenter son meilleur film et son moins bon en l’espace de quelques mois.