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    Deux hommes tout nus au Public

    De Sébastien Thiéry, mise en scène d’Alain Leempoel, avec Michel Kacenelenbogen, Nicolas Buysse, Isabelle Paternotte et Laetitia Salsano

    Du 10 novembre au 31 décembre 2015 à 20h30 au Théâtre Le Public

    C’est sur deux paires de fesses masculines bien mises en évidence par une lumière tombante que commence le spectacle de Sébastien Thiéry. Maître Alain Kramer, brillant avocat parisien, se réveille un soir dans le canapé de son salon près de Monsieur Prioux, son associé fiscaliste. Les deux hommes ne se souviennent pas comment ou pourquoi ils se sont retrouvés nus l’un à côté de l’autre. L’irrationnel de la condition invraisemblable crée le comique de la situation de base, à partir de laquelle le tout se lance.

    Après avoir menacé son collègue avec un fusil et appelé la police, Kramer réalise l’absurdité de ses actions et annule la démarche policière, afin d’essayer de comprendre l’origine de cette situation, mais en vain. Et pour ramener le tout à son paroxysme, rentre madame Kramer au moment le plus inopportun, demandant normalement des explications à son mari qu’elle croit dès lors homosexuel.

    La pièce compte sur l’effet de rime binaire pour créer le rire puisque, comme par hasard, le deuxième acte commence comme le premier et en constitue une répétition plus condensée et plus rapide. La situation se répète, toujours dans l’incompréhension, tout en prenant des dimensions plus amples. Heureusement, Thiéry et Leempoel dépassent les attentes des spectateurs dans le troisième et le quatrième actes en insérant dans la narration et dans la mise en scène de nouveaux éléments, non exploités encore.

    Outre l’exubérance du jeu des acteurs qui saturent l’espace théâtral avec une énergie on ne peut plus envoûtante, le comique de la situation se trouve valorisé par le contraste des interprétations des deux personnages. Si la gêne de Monsieur Prioux empêche ses mots de sortir librement, elle envoie son corps se démultiplier dans un langage hilarant qui le referme sur lui-même. Diamétralement opposé à lui se tient la diarrhée verbale d’un Monsieur Kramer qui essaie de combler l’inextricable de la situation avec des mots dont la facilité d’évocation se justifie par son métier.

    Deux hommes tout nus sous-tend inévitablement un message qui refuse l’homophobie et cherche à déployer l’acceptation de l’homosexualité. Deux tableaux dans le décor évoluent subtilement entre les différents actes, pour arriver finalement à un « Drapeau Gay » et un « Batman qui embrasse Robin », soulignant la finalité du propos.

    Malheureusement l’approche du discours reste superficielle sans effleurer la complexité de la situation ni la psychologie qui se cache derrière, se suffisant quelques fois à des stéréotypes limités dont le but principal reste d’engendrer le rire du public. La fin décevante de la pièce, qui semble une facilité de résolution du mystère de la situation initiale, vient souligner ce manque de profondeur.

    Sans chercher à aller très loin, Deux hommes tout nus nous fait rire pendant une heure quarante minutes  d’évolution comique à base d’une situation initiale amusante, avec des acteurs capables de faire oublier la légèreté du propos de la pièce et de plonger les spectateurs dans une détente assez plaisante.

    Patrick Tass
    Patrick Tass
    Journaliste du Suricate Magazine

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