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    Délivre-nous du mal : si le mal est un fou rire, cette pièce est un exutoire

    de Dominique Bréda

    Mise en scène : Catherine Decrolier avec Jean-François Breuer, Julie Duroisin, Xavier Elsen, Amélie Saye et Françoise Villiers

    Du 1 mai au 31 mai 2014 au Théâtre de la Toison d’Or

    « Un prêtre en mal de dialogue avec Dieu qui dit la messe dans une église complètement vide, un jeune sacristain un peu benêt qui entame une grève de la faim mais mange quand même des Twix pour ne pas se sentir mal, une belle et sage organiste qui se lâche parfois sur des musiques profanes, une bonne-sœur pleine d’énergie se dépensant sans compter pour le « buisness de la philosophie chrétienne » et une vieille sœur polonaise non francophone dont personne ne peut prononcer le nom.»

    Il vaut mieux resituer d’emblée l’intrigue car l’hilarité ambiante rend parfois difficile la compréhension, même si, vu sous cet angle, le scénario ne paye pas de mine. Parler de religion de façon mordante, c’est du déjà vu, et pas uniquement sur les planches. Mais penser qu’on aura à voir du réchauffé, c’est mal connaître Dominique Bréda. Pour sa deuxième « création mystique », l’artiste pluridisciplinaire (auteur, metteur en scène, photographe, musicien,..) raconte avec humour et sans méchanceté, l’histoire d’une paroisse en déclin. Homosexualité, alcoolisme, célibat des prêtres, sont quelques-uns des thèmes qui y sont abordés avec légèreté. Dominique Breda ne tombe toutefois pas dans les travers de ses prédécesseurs en stigmatisant les catholiques ou en proposant une solution à la crise de la foi chrétienne. Il met en scène, avec Catherine Decrolier, cinq personnages qui gesticulent et brassent de l’air en vain pour faire revenir leurs ouailles à la messe dominicale. Et l’on doit admettre que voir cinq simplets pagayer dans la semoule, c’est vraiment drôle. Et puis il faut souligner que les comédiens mettent le paquet pour avoir l’air idiot: les yeux ébahis du sacristain que l’on peut voir à dix rangées, les talons compensés de la nonne d’Europe de l’est, le ridicule jeu de séduction du prêtre et de l’organiste, les tentatives d’intimidation destinées aux fidèles,… à mourir de rire !

    Délivre-nous du mal de Bréda est une pièce qui rabibochera un paquet de gens avec le théâtre : comédie, ironie et sarcasme sont à la portée de tous, sans prétention classique ou élitiste. C’est aussi une pièce dynamique, ultra rythmée qui enchaîne les actes en un claquement de doigt, qui allie subtilement au rire, une réflexion plus générale sur le pourquoi des traditions. Et quand une heure quart plus tard les lumières se rallument, les applaudissements en réclament davantage. Somme toute, un pari réussi !

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