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    Kingdom of Fire and Clay au TTO

    Mise en scène de Vasile Nedelcu avec Raphael Rodan, Sahand Sahebdivani, Anstasis Sarkatsanos et Bas Kisjes

    Le 12 et 13 octobre 2015 à 19 h au Théâtre de la Toison d’Or

    Après avoir brillé individuellement dans deux spectacles différents à l’« International Storytelling Festival Amsterdam », Raphael Rodan et Sahand Sahebdivani décident de combiner leurs performances pour créer un numéro inédit. Respectivement d’origines israélienne et iranienne, ils plongent dans leurs passés et leurs cultures afin d’essayer de comprendre, à travers le personnel et le fictionnel, l’origine de l’hostilité collective entre leurs deux pays. Leur jeu est accompagné par deux musiciens qui rajoutent à la pièce un air plus léger et fluide.

    Kingdom of Fire and Clay rappelle que derrière les différences qui nous séparent, la politique qui nous étiquette et les religions qui nous obligent à suivre un « mode d’emploi », résident ce qui nous rassemble tous : un fond humain innocent différent de ce que les profits personnels des hommes aux pouvoirs en font. L’art vient encore une fois casser les stéréotypes sociaux afin de rapprocher les hommes dans ce qui les divise.

    En toute subtilité et fluidité de narration et d’interaction immédiate avec les spectateurs, les deux acteurs se lancent dans l’exploration de leurs souvenirs personnels, des contes et épopées de leurs pays respectifs. Anecdotes de leurs grand-mères, de mariages de leurs parents, de leur enfance, de leur gastronomie, de leur musique, etc., et enfin de leur Histoire. Par ressemblance, alternance et complémentarité des récits, ainsi que par leurs individualités qui les différencie, ce qui unit les hommes se met en avant par rapport à ce qui les partage.

    Raphael Rodan et Sahand Sahebdivani varient les modes d’énonciations et les tons de communication. Ils commencent en douceur pour monter jusqu’à se disputer et se réconcilier. Accompagné de « Everybody Knows » de Cohen joué par les deux musiciens, le spectacle commence par un jeu de tabula qui fait émerger la narration et la dispute. La pièce finit comme elle a commencé et souligne la cyclicité de l’Histoire qui ne fait que se répéter, pareille à elle-même. La fin rappelle aussi que l’humain est capable de dépasser les conflits politiques, mis de côté sans nécessairement avoir été résolus.

    Le tout se fond dans un comique qui allège les situations sans empêcher leur ampleur émotionnelle ou historique de se déployer. Les deux acteurs jouent et chantent aussi des chants traditionnels ou émergeants de leurs passés. La musique, dans toute sa diversification entre perse, juive, allemande, etc., constitue un langage universel qui, à travers un vecteur affectif, homogénéise les sentiments humains : la souffrance, la famille, la nostalgie, l’amour sont des concepts universels propres à l’Homme.

    Kingdom of Fire and Clay s’avère une œuvre composite très intéressante qui nous affronte à notre déshumanisation et nos jugements, et nous rappelle surtout les petits détails humains de la vie qui nous unissent.

    Patrick Tass
    Patrick Tass
    Journaliste du Suricate Magazine

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