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    Les Voyageurs sans bagage reviennent dans Showmeur Island

    Quatre ans après le succès de leur première création, La vie c’est comme un arbre, la troupe des Voyageurs sans bagage revient sur les planches de l’Espace Magh du 11 au 28 novembre pour présenter Showmeur Island. Une pièce humoristique et caustique qui met à mal les clichés dont souffrent les chômeurs dans la société actuelle.

    Un sujet délicat que les Voyageurs sans bagage ont choisi de traiter avec du recul pour que le public puisse en rire.

    Rencontre avec Fionn Perry, Rachid Hirchi et Mohammed Allouchi qui ont répondu à nos questions d’un seul homme.

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    showmeur island poster

    Après le succès de La vie c’est comme un arbre, vous sentez-vous attendus au tournant ?

    Oui, c’est une grosse pression. Mais c’est un stress excitant.

    Vous avez été élus « Bruxellois de l’année » en 2012. Qu’est-ce que cela vous a apporté concrètement ?

    De la confiance, car c’est une aventure que nous avons commencée entre nous sans savoir si cela allait avoir du succès. Après, cela donne de l’allant pour pouvoir tenter de faire autre chose, c’est-à-dire un spectacle avec de plus grandes ambitions.

    Avoir aujourd’hui un nom nous permet aussi de toucher plus facilement les pouvoirs publics ou les médias.

    Par contre, nous sommes un peu déçus de ne pas pouvoir se détacher de l’étiquette de nos origines, du moins pour certains d’entre nous.

    Voulez-vous dire que l’on vous a mis des barrières ?

    Oui. Nous en discutons d’ailleurs entre nous. Ici, dans Showmeur Island, nous avons choisi de dédiaboliser les chômeurs car cela touche un public assez large, sans pour autant toucher une origine ethnique ou religieuse. Mais voilà, si nous avions voulu parler d’islamophobie, nous aurions perdu des gens. Par exemple, il y a des choses que l’on voulait mettre dans le premier spectacle et que nous n’avons pas mis par crainte des réactions.

    D’autre part, il y a un quota diversité qu’il faut atteindre. Mais au final, le minimum est devenu le maximum.

    Showmeur Island se passe dans le futur où 50% de la population est au chômage et où les autres travaillent quinze heures par jour…

    C’est une société qui presse à fond le travailleur et le chômeur y a perdu ses droits. Dans Showmeur Island, on veut parker les chômeurs dans un coin pour éviter une révolte. Un dirigeant a alors l’idée de faire une île pour les chômeurs où ils vont être mis en compétition pour trouver du boulot.

    Ce spectacle, même si tout est exagéré, pose la question de savoir ce que l’on veut faire de notre société. Faut-il diminuer le temps de travail ? Mais en même temps, faut-il travailler plus pour gagner plus ? Faut-il rester compétitif ? Tout cela devient normal de nos jours et il faut que cette normalité cesse.

    Vous avez dès lors choisi d’en parler via le show et la télé-réalité…

    Par l’image. Nous avons atteint un stade supplémentaire dans notre société où l’image est partout avec la télé, l’internet et les smartphones. Cela nous touche tous et particulièrement notre public, c’est-à-dire des jeunes influencés par tout ce qu’ils voient à la télévision comme l’île de la tentation ou les ch’tis à Mexico.

    Sauf qu’ici, nous avons ajouté un degré supplémentaire d’aggravation puisque ce n’est plus la télé qui crée ça, mais le dirigeant lui-même. Son projet politique devient une sorte d’arène pour gladiateurs.

    À la distribution, vous avez deux nouvelles comparses dans la troupe : Caroline Lambert et Karen de Paduwa. Comment sont-elles entrées dans l’aventure ?

    Caroline, nous l’avons rencontrée à un anniversaire. Elle était comédienne et correspondait physiquement à ce que nous cherchions. Cela s’est donc fait rapidement.

    Pour Karen, nous espérions avoir une personne de petite taille. Nous l’avons donc contactée et le feeling est passé super bien. Elle est géniale.

    Avez-vous travaillé davantage votre scénographie par rapport au premier spectacle ?

    Oui. Nous avons une scénographe dorénavant. Cela dit, nous ne voulions pas d’un décor fixe. Nous avons donc demandé à la scénographe de travailler sur un environnement mobile, rapide, épuré mais esthétique.

    Il est vrai qu’au début de La vie c’est comme un arbre, nous n’avions pas de moyen pour se payer un décor.

    En parlant de La vie c’est comme un arbre, n’aviez-vous pas pour projet d’en faire un film ?

    Oui, mais il est au frigo actuellement. Nous avons déjà bien avancé dessus donc les choses se feront, mais après ce spectacle-ci.

    Plus d’infos sur le site de la troupe

    Matthieu Matthys
    Matthieu Matthys
    Directeur de publication - responsable cinéma du Suricate Magazine.

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