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    Le sentier des reines par Anthony Pastor

    Pastor

    scénario et dessin : Anthony Pastor
    éditions : Casterman
    sortie : 14 octobre 2015
    genre : road Bd, franco-belge

    1920. La première guerre mondiale est bel et bien terminée. Malgré les meurtrissures de tout un chacun, l’heure est maintenant à la reconstruction. Pour certains, elle prend la forme d’une fuite en avant. Blanca, Pauline et le jeune Florentin sont de ceux-ci. Une messe est donnée en l’honneur de leurs proches récemment disparus, ensevelis par une avalanche. Ils en profitent pour quitter définitivement leur village de Savoie. Ils devront bientôt prendre en compte la présence de Félix Arpin, un ancien soldat aux intentions ambigües.

    Le mot de l’auteur présent en fin d’album, et le cahier graphique qui l’accompagne, témoignent des recherches documentaires effectuées par Anthony Pastor pour donner corps à son récit. Heureusement, Le sentier des reines n’a rien de la leçon d’histoire forcée et pesante. Au contraire, le travail de documentation sert principalement à apporter de l’authenticité à une histoire entièrement tournée vers ses principaux protagonistes. S’il est effectivement question de la condition de la femme au sortir de la guerre, l’album se révèle avant tout être une belle aventure, humaine et universelle.

    Cette universalité est due à la juste caractérisation de personnages attachants, de même qu’au développement de leurs émotions au fil des pages. Le style graphique tout en hachure d’Anthony Pastor accentue la dureté des visages et des paysages, soulignés par des couleurs grisaillées. Ce qui sied parfaitement à une histoire parfois dure et brutale, mais qui crée également un contraste subtil avec la chaleur émanant peu à peu des héros.

    Principalement motivé par Blanca, héroïne intéressante au caractère bien trempé, le départ du groupe n’a, de prime abord, aucun but défini. Si ce n’est l’envie de fuir la douleur. En laissant derrière eux leur village, chacun tente de se délaisser des souvenirs ternis qui y sont liés. Ce nouveau départ se révèlera cathartique à plus d’un titre, chaque protagoniste y trouvant la source d’une possible émancipation. Mais le chemin ne sera pas sans embuches. Car le but ne sera pas, au final, de se défaire de ses sentiments, mais plutôt de les embrasser pleinement afin de se les réapproprier. En cela, la présence de l’intrus, symbole de la guerre et des cicatrices qui lui sont inhérentes, sera déterminante.

    Pour Blanca, Pauline et Florentin comme pour le lecteur, Félix Arpin est un individu difficile à cerner. Sa détermination se fait parfois frustrante, tant ses motivations semblent à première vue vaines, voire simplement vénales. Mais rien n’est si simple. Si la répétitivité de ses apparitions peut s’avérer lassante, elle confère également au récit son rythme et son aspect de fable morale.

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