auteur : David Foster Wallace
édition : Au diable Vauvert
sortie : août 2010
genre : philosophie
C’est de l’eau, publié Au Diable Vauvert, n’est pas à proprement parler un essai philosophique. Il s’agit en réalité d’un discours, ou plus précisément de la retranscription de la seule et unique allocution que Wallace tint de son vivant. En une centaine de phrases environ, le penseur y expose sa philosophie de vie, résolument sobre et humaniste. Cette allocution fut tenue en 2005, devant la promotion du Kenyon College, soit trois ans avant que Wallace ne mette fin à ses jours…
Au sein de ce curieux petit ouvrage, une particularité frappe d’emblée. Chaque page ne contient qu’une phrase. Dix, quinze, vingt mots au milieu d’une large étendue blanche. Qu’ils ont l’air égarés dans cette immensité obstinément vide. Serait-ce pour mieux faire résonner les idées de l’auteur ? Ou pour nous laisser le temps, nous lecteurs, de raisonner à chaque fois que l’on est amené à tourner une nouvelle page ?
En vérité, plutôt que de parler de philosophie de vie, il serait sans doute plus correct de qualifier C’est de l’eau de leçon(s) de vie. Car face à un public de jeunes universitaires et de nouveaux diplômés, Wallace a profité de son discours pour mettre en garde ces derniers contre la dure réalité de « la vie d’adulte ». Une fois les illusions de la jeunesse dissipées, restent le quotidien décevant, le « jour après jour après jour » qui plombe tant d’existences. L’auteur déconstruit ainsi, avec beaucoup d’éloquence et de perspicacité, notre mode d’existence, nos mentalités, allant jusqu’à exposer les raisons qui pourraient pousser un homme au suicide. Et lorsque l’on sait le sort que le penseur se réservait quelques années plus tard, ses phrases prennent une toute autre dimension…
Est-il seulement possible de se prémunir contre ce mal du siècle ? Il semblerait que oui ! La recette de Wallace ? Un travail sur soi, ou plutôt sur notre pensée, sur la manière dont on appréhende le monde dans lequel nous sommes contraints de vivre, afin d’en retirer autant de positif que possible. Le plus interpellant, sans doute, à la lecture de ce petit ouvrage, c’est l’amertume dont l’auteur semble imbibé, lorsqu’il évoque la routine et la grisaille journalière que constituent nos existences, cette amertume qui contraste tant avec le message d’espoir et d’optimisme qu’il cherche à nous transmettre.
Quoiqu’il en soit, Wallace nous aura touchés par la sincérité, l’ouverture, et plus que probablement l’authenticité de son message. La pensée altruiste comme refuge contre la médiocrité. Aussi ne peut-on que vous conseiller de découvrir à votre tour le message, surtout si vous ressentez le besoin de prendre un petit bol d’air frais.