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    Exposition « Des choses à faire » de Chevalier Masson, Grand Hornu

    Du dimanche 4 octobre 2015 au dimanche 10 Janvier 2016 – site du Grand Hornu, Rue Sainte-Louise 82, 7301 Hornu – Photo : © Lise Duclaux
    http://www.cid-grand-hornu.be/fr/expositions/des_choses_a_faire/103/

    Chevalier Masson. Ce n’est pas le nom d’un héros de l’histoire. C’est le nom des deux artistes invités au Grand Hornu pour cette nouvelle saison. L’un est Éric Chevalier, diplômé des Arts appliqués de Roubaix, praticien et enseignant des techniques d’impression à l’ENSAV La Cambre. L’autre est Anne Masson, diplômée du design textile à La Cambre, praticienne et enseignante  en design textile à l’ENSAV La Cambre. Les deux collaborent depuis 2005 dans la recherche d’autres façons de « faire » la matière textile et de « faire » avec la matière textile. Autrement dit, leur intérêt porte aussi bien sur le processus de fabrication du tissu que sur la façon dont il peut être façonné ou dont il peut façonner le corps qu’il habille ou l’espace qu’il investit. Pour cette raison, mais aussi pour renouveler leurs intuitions, pour tester les limites de leur discipline, pour pousser les possibles de  leurs compétences, leur collaboration s’élargit régulièrement à d’autres acteurs, entre autres la designer Diane Steverlyck, les architectes 51N4E ou Baukunst, les chorégraphes Pierre Droulers ou Thomas Hauert.

    Des choses à faire. C’est le nom de l’exposition, celui qui figure au-dessus de la porte d’entrée de l’espace qui leur est consacré. Derrière cette porte d’entrée, quelques mètres au-dessus du sol, une bobine de fil se déroule. Sur le sol, un tas s’amoncelle. Comme un sablier, le fil qui se déroule montre le temps qui passe, le fil déroulé est la trace du temps passé. Ce temps, si présent dans l’œuvre introductive, s’est arrêté pour les objets exhibés dans les salles, qui sont comme figés. Les « choses » exposées ne sont pas en train de se faire, elles sont déjà faites, ou à moitié. Les « choses » sont en attente, elles seront probablement  remises sur l’établi à un moment ou à un autre. C’est une particularité de l’exposition et plus généralement de ce travail : les deux artistes réutilisent régulièrement leurs œuvres, en tant qu’objet et en tant qu’idées. Prenons le rideau par exemple. De nouveaux rideaux, cadeaux de Chevalier Masson pour le personnel administratif, garnissent les fenêtres des bureaux du Grand Hornu. Un motif pittoresque y est représenté, d’abord nette puis flouté, sous le principe du ‘dérapage contrôlé’, plus communément appelé « fax qui dérape ». Ce principe avait déjà été mis en œuvre en 2005, pour une écharpe représentant des skieurs se transformant brusquement en coulées colorées. Un autre rideau, accroché non pas devant une fenêtre mais dans l’une des salles sans fenêtre des écuries du Grand Hornu, a été conçu pour la future infrastructure sportive de Spa, dessinée par le bureau Baukunst. Dans quelques  mois, lorsque la construction sera terminée, il quittera le musée pour être installé tout autour du patio.

    Une autre particularité, propre au domaine textile en général mais mis en exergue par le travail très minutieux des deux artistes, est le rapport d’échelle micro/macro du tissu. Selon que l’on se tienne très près ou (très) loin d’une pièce, ce que l’on regarde change radicalement. Reprenons le rideau, celui de Spa par exemple. De loin, on observe un voile moiré, un jeu de tâches colorées qui se nuancent sous la lumière et le mouvement. De près, on observe une structure sophistiquée et hyper répétitive, dont chaque élément doit respecter la loi d’ensemble. Dans la salle voisine, on retrouve ce schéma dans Igor, un porte manteau tridimensionnel formé à partir d’un fil câblé. Le fil du porte manteau s’organise comme celui du rideau, en beaucoup plus grand. Ce qui sert à suspendre le tissu présente la même structure que le tissu qui y est suspendu. Par une analogie formelle, on saute d’une échelle à une autre, d’un espace filaire à un espace tridimensionnel, comme on sautait dans le temps par la reprise des concepts d’une œuvre à l’autre.

    Peu aidé par des explications, le visiteur doit « faire » lui-même ces sauts. Pour passer au-delà  de l’objet déjà « fait », et accéder à son « faire », c’est à lui de retracer le fil de l’histoire avec les fragments dont il dispose devant lui. Les deux artistes le revendiquent : l’exposition n’a pas vocation à être didactique. Elle montre des processus en cours, figé le temps d’une exposition. Pour apprendre, quatre workshops seront organisés, lors desquels il sera possible de « faire » avec un danseur ou un collectif de design proche du duo.

    http://www.chevaliermasson.be/

    Charlotte Lheureux
    Charlotte Lheureux
    Architecte - Assistante chercheuse UCL

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