Crédit photo : Jean-Louis Fernandez
Ecrit et mis en scène par Fabrice Murgia, avec Clara Bonnet, Nicolas Buysse, Anthony Foladore, Cécile Maidon, Magali Pinglaut, Ariane Rousseau
Du 23 au 27 septembre 2015 au Théâtre National
Éminemment connu en tant qu’acteur et metteur en scène, Fabrice Murgia est devenu un pilier du théâtre belge. Avec des pièces de théâtre traitant de questions sociétales et philosophiques, il revient cette fois, nourri par les écrits de Michel Serres, avec Notre peur de n’être.
Trois chapitres, trois destins croisés : un homme ayant récemment perdu son épouse, une demoiselle prenant pied dans la « vie active » et un jeune homme qui ne veut pas sortir de sa chambre. Ces trois histoires sont les points de départ de la pièce où il est question de solitude et de pression sociale. Avec d’impressionnants décors qui s’animent et une recherche formelle mêlant écran, vidéo et travail sonore, la pièce questionne nos nouveaux modes de communication, mais surtout notre incommunicabilité face au monde.
Un résultant parfois émouvant, parfois cinglant et des effets toujours très spectaculaires. Avec ses forces et ses faiblesses.
La pièce débute de manière très atmosphérique : à peine plongé dans la pénombre de la salle, on devine l’ombre d’un homme, presque fantomatique, qui se dessine sur la scène. Une conteuse nous lit littéralement la scène. L’homme est devant nous, mais également projeté sur un écran face à nous. De ces différents points de vue, on accepte la mort, la douleur de sa perte, sa folie.
Très vite, ce jeu formel lié au décor devient systématique, se répétant dans d’autres situations : la jeune fille qui reçoit son diplôme, le jeune homme qui reste dans sa chambre. Ces différentes situations s’entrecroisent et forment un ensemble étonnant, garni de situations du quotidien qui nous parlent à tous. Cela mène à des petits bijoux théâtraux, des moments où l’émotion règne et s’intègre parfaitement à nos conditions.
Cependant, la pièce évoluant de manière cyclique, les différentes couches créées par les écrans qui séparent la salle de la scène ajoutent au malaise généré par la solitude profonde des personnages. Certes, cette machine théâtrale a de quoi impressionner, mais l’on se dit parfois que l’on pourrait arriver à mieux, avec peu.