auteur : Ron Dorlan
éditons : Associations bernardiennes
sortie : mai 2015
genre : roman
Argentine, 1982, le triumvirat argentin composé de Galtieri, Dozo et Anaya fait régner la terreur avec le mortellement célèbre processus de réorganisation national. C’est dans ce contexte politique très fort que se déroule l’histoire de Lucas Ruiz Torres dit le Juge au chapeau noir
Lucas travaille avec fierté à la remise à flot de son cher pays, il s’applique à faire prospérer les principes moraux et catholiques de sa famille et de sa patrie. Mais lentement, les tortures infligées à ceux qui semblent être le ver qui corrompt la pomme lui deviennent insupportables. Lors d’un interrogatoire pas plus rude que les autres, il tombe amoureux d’Andrès, un danseur de rue dans le Caminito Tango. Cet amour va le rendre aveugle et va le faire douter du bien-fondé de cette réorganisation mais va aussi le faire faillir dans ses devoirs familiaux.
Le tango de Tigre offre un tableau historique de l’Argentine vraiment très intéressant. Le Proceso, les desaparecidos, la Boca, berceau du tango,… Un réel plaisir que de découvrir ce pan de l’histoire fort, violent et surtout prenant. Il en est peut-être un peu moins de même pour cette idylle entre le Juge au chapeau noir et le danseur de tango. Est-ce dû à la puissance du contexte, à la faiblesse de l’idylle ? Qui sait.
Toujours est-il qu’on a bien du mal à rentrer dans cet amour déraisonné et surtout à ressentir une quelconque tristesse pour ce pauvre Lucas tiraillé entre son amour pour sa mère, sa patrie et Andrès. Quelque chose manque, peut-être qu’on n’arrive pas à croire au fait que Lucas puisse s’amouracher aussi vite à cet éphèbe cynique et trompeur.
Quoiqu’il en soit, Le tango de Tigre reste un livre qui se lit si ce n’est sans un certain plaisir, mais avec un plaisir historique, malgré tout.