scénario & dessin : Jul
éditions : Dargaud
sortie : 4 septembre 2015
genre : Humour, franco-belge
“Nous sommes en 40 000 avant J.C. Toute la planète semble obéir aux lois de la selection naturelle… Toute ? Non : une vallée résiste encore et toujours à l’évolution !”
C’est sur ces mots qui font furieusement penser aux irréductibles gaulois de Goscinny et Uderzo que débute chaque volet de Silex and the City. Le titre de l’album, Merci pour ce Mammouth, renvoie avec un gros clin d’œil ironique à l’essai autobiographique publié par l’ex-première Dame de France Valérie Trierweiler : Merci pour ce moment.
Dans leur volcan tagué du sigle EDF, Rahan se dispute avec son père et sa cousine. Cette dernière, d’ailleurs, ressemble à s’y méprendre à la dame de Brassempouy. Le père et la cousine refusent que Rahan se marie avec sa fiancée Web, selon le prétexte fallacieux qu’ils ne sont que des chasseurs-cueilleurs peu évolués. Du côté de Web, la famille est d’accord mais se demande ce que ces aristos-sapiens peuvent bien en avoir à faire puisque la Révolution qui a eu lieu en 1 789 000 av. J.-C. sur fond de Terreur Darwiniste est censée avoir effacé les différences de classes et donc remis tout le monde au même niveau. Toujours est-il qu’après que Web soit allée à la recherche de son arbre généalogique au centre de documentation des Cro-Mormonts (des primates évangéliques) pour prouver que sa famille est aussi ancienne que celle de son fiancé, la famille de Rahan se décide enfin à donner son accord. Mais en plein préparatifs, Rahan doit avouer à sa dulcinée qu’il est déjà… marié !
Si les dessins sont assez caricaturaux, le scénario est bien ficelé et les innombrables références historiques sont bien documentées. En tout cas pour ce qui est de la période historique remise à la sauce paléolithique. Pour ce qui est de la préhistoire en elle-même, il est en effet plus facile de laisser son imagination vagabonder puisque sans sources écrites, on ne peut être sûr de rien et cela laisse le champ libre à toutes les hypothèses plus ou moins farfelues. Le seul problème, c’est qu’à force de faire des jeux de mots mélangeant préhistoire, évolution, actualité et technologie dans pratiquement toutes les cases, les expressions finissent par devenir redondantes et même ennuyeuses.
Cela dit, une bande dessinée à la sauce paléolithique il fallait y penser et le résultat, bien que notre avis soit un peu mitigé, est plutôt réussi. Si vous avez suivi cette série et que vous l’avez appréciée, il n’y a donc aucune raison pour que cette suite vous déçoive.