auteur : Nathalie Cougny
édition : Sudarènes
sortie : mars 2015
genre : témoignages
Les Voix des Femmes de Nathalie Cougny a été écrit dans le cadre de l’association française Unissons nos voix qui « réunit plusieurs artistes féminines […] afin de défendre la cause des femmes, de dénoncer toute forme de violence et de se faire la voix de celles qui n’en n’ont pas au travers la musique ». La promotion du livre a donc tout naturellement été soutenue par la chanson « No woman no cry ».
Le livre s’ouvre sur dix témoignages de femmes ayant subi des violences et des abus sexuels dans leur enfance ou leur jeunesse. Au-delà des douleurs et du traumatisme initial, leurs témoignages révèlent les répercussions à long terme des actes subis. Ces derniers compromettent souvent les chances de stabilité et de bonheur futur des victimes. Se reconstruire sans (re)tomber dans des schémas destructeurs demandent du courage, de la force et de l’aide. Et cela en passe notamment par le fait de briser la chape de silence qui pèse sur des faits parfois très anciens.
La seconde partie de l’ouvrage est plus théorique. Y sont définies les différentes formes de violences sexuelles (inceste, pédophilie, excision, etc.), la façon dont le cerveau et le corps réagissent à la violence ainsi que le délai de prescription. Cette partie reprend des articles de journaux ou de magazines, des rapports d’associations et des textes de loi couplés à un point de vue critique. Même si une grande place est accordée aux victimes de violences, l’ouvrage évoque, quoique superficiellement, des sujets plus tabous comme la prise en charge des agresseurs ou une définition plus exacte des pédophiles, un groupe hâtivement réduit à des cas criminels très médiatisés.
Néanmoins, même si le livre est réalisé avec sérieux et contribue à dénoncer et à prévenir les violences faites aux femmes et aux enfants, il risque de ne pas enthousiasmer le lecteur lambda. L’édition et la mise en page ont quelque chose d’artisanal et, au-delà de ça, la lecture elle-même est ardue. La qualité rédactionnelle des témoignages du début est variable – sans que cela n’enlève rien à leur importance – et la deuxième partie, très factuelle, est sèche. Mélanger témoignages et théorie aurait pu rendre l’ensemble plus fluide et plus digeste. Enfin, en voulant être trop général, le livre finit par se disperser en diverses thématiques, quoique complémentaires, qui auraient gagnées à être mieux organisées ou à être traitées de manière plus approfondie.
Les Voix des Femmes explicite et défend une cause très importante; cependant il manque à “l’objet-livre” en lui-même certaines qualités rédactionnelles et de mise en forme pour attirer un public plus large.