Chaque sortie des dieux du Heavy Metal que sont Iron Maiden est un évènement, attendu par des millions de fans à travers le monde. Cette fois-ci, encore plus qu’à l’accoutumée, la patience de ces fans avait été mise à rude épreuve. Jamais le groupe n’avait mis autant de temps à sortir un nouvel opus. On ne peut bien entendu pas blâmer le groupe pour ce délai, étant donné que la sortie de The Book of Souls (et de la tournée qui l’accompagnera) avait été retardée pour permettre à Bruce Dickinson de se remettre de son cancer.
En déballant l’objet tant convoité, on remarque directement que l’on aura à faire à un album d’exception. Composé de 11 titres, le double CD (ou triple vinyle) atteint la durée record pour le groupe de 92 minutes. Le dernier titre de l’album, Empire of the Clouds, bat aussi un record de longévité puisqu’il décroche la palme de chanson la plus longue de la riche discographie des Britanniques.
La majorité des titres de The Book of Souls (qui en passant a été produit par Kevin Shirley que l’on retrouvait également sur l’excellent Brave New World) a été écrit et enregistré directement dans les studios, apportant une bonne dose de spontanéité à l’album.
Cette spontanéité n’est qu’une des très nombreuses qualités de l’opus. Car, pas besoin de plus de suspens, si leur précédente galette The Final Frontier avait divisé le public, The Book of Souls est une superbe réussite et contient quelques-uns des meilleurs titres écrits par Maiden ces 30 dernières années.
Après un bref intro à la Holy Diver et un Bruce présentant l’histoire de manière solennelle, If Eternity Should Fail démarre, sur un rythme mid-tempo au côté assez épique. Epique, c’est le mot avec lequel on pourrait qualifier la plupart des titres, tant Iron Maiden a réussi à apporter une réelle force à ces compositions. Le reste du morceau est assez classique pour du Maiden, mais s’avère terriblement efficace et entrainant.
D’autres titres comme Death or Glory (avec un Dickinson très en verve), le très théâtral The Great Unknown, When the Rivers Runs Deep (et son intro rappelant étrangement Metal Health de Quiet Riot) ou encore le très riche Shadows of the Valley suivent à peu près le même schéma, ce qui ne les rend pas pour autant inintéressants loin de là.
Le second titre, Speed of light, est aussi le premier single issu de l’album. Très classique pour du Maiden, ce single suit la même construction que quasi tous les singles du groupe. Le jour où Iron Maiden osera se débarrasser de ce genre de titres n’est pas encore arrivé. Mais finalement, le refrain vous reste en tête après deux trois écoutes, et on les pardonne bien volontiers pour ce pêché de facilité.
The Red and the Black, premier des trois titres dépassant les dix minutes, est une des plus grandes réussites de The Book of Souls. Son démarrage rappelle furieusement The Rhymes of The Ancient Mariner, un des titres phare du groupe. Après quelques minutes, le titre s’emballe et les guitares s’en donnent à cœur joie, entrainant petit à petit l’auditeur dans une tourmente auditive du plus bel effet. Nul doute également que si il est repris en concert, le public s’en donnera à cœur joie pour crier les « whoo hooo hoho » finaux du titre.
Le deuxième de ces 3 titres, The Book of Souls, après une mystérieuse et douce intro, nous propose à nouveau un voyage épique (on vous avait prévenu que ce mot serait souvent employé) aux légers accents orientaux. Une fois de plus, des guitares endiablées emmènent l’auditeur avant que la guitare acoustique de l’intro ne nous fasse atterrir en douceur.
Le troisième (et dernier titre de l’album) est probablement le plus réussi de The Book of Souls, voir un des tous tout meilleurs titres du groupe en général. Empire of Clouds est tout simplement ce qu’on appelle un chef-d’œuvre. Démarrant par une longue et magnifique intro combinant piano et violon, c’est bien plus haut que le ciel que nous emmène ce morceau. Empire of The Clouds prouve une chose : le Maiden actuel est sublime quand il dévie vers le métal progressif et quand il ose prendre des risques (comme sur l’album Dance of Death).
Quelques mots sur les deux autres titres de l’album, The Man of Sorrows et Tears of a Clown (composé en hommage à Robbin Williams), qui partagent un qualificatif en commun : la tristesse. The Man of Sorrows aurait sans doute gagné en émotion si il avait été plus simple mais il reste un joli moment musical, tout comme Tears of a Clown et son rythme cassé assez original.
N’ayons pas peur des mots, The Book of Souls est un grand album. Chaque musicien semble avoir donné le meilleur de lui-même, aussi bien dans la composition que dans l’interprétation. Avec notamment un Bruce Dickinson tout simplement majestueux.
Certains titres plus courts sont certes un peu moins intéressants et on retrouve une certaine redondance sur certains passages, mais ces légers défauts n’obscurcissent pas le résultat final. Qu’on se le dise, dans le royaume du heavy Métal, Maiden n’est pas prêt à céder sa couronne.