Vendredi dernier, je me suis rendue au festival le Cabaret Vert dans les Ardennes françaises, situé en plein cœur de la ville de Charleville-Mézières. Cet évènement musical a déjà sa petite histoire. Il existe depuis onze ans maintenant et commence sérieusement à se hisser au rang des grands festivals nationaux.
L’année dernière, plus de 90 000 festivaliers avaient foulé la pelouse du Cabaret Vert. Cette année, ils ont été 85 000 à se rendre au festival : une réduction apparemment voulue par les organisateurs qui souhaitaient aérer le site du festival.
L’affiche de cette année était impressionnante. Le premier nom révélé sur le site du festival : Les Chemical Brothers, et ça mes amis, c’était déjà vendu pour moi. Le prix étant si démocratique, je n’ai pas eu à réfléchir plus de 10 secondes avant de me convaincre que cette année, le Cabaret Vert serait immanquable !
Puis, les noms sont tombés, les uns après les autres et ma mâchoire s’est peu à peu décrochée : Jungle, Selah Sue, Paul Kalkbrenner, Gramatik, Son Lux, Jurassic Five, Mr Oizo, The Shoes, Limp Bizkit, John Butler Trio, Rone, Tyler the Creator, Kitty Daisy and Lewis…
Les organisateurs ont même réussi à programmer la très populaire Christine and the Queens. Deux autres noms ont retenu mon attention : Ratatat et Fakear. Ratatat vient de sortir un nouvel album et ne fait que deux passages en France cet été, dont un au Cabaret Vert. Cette programmation était une belle promesse.
Comment expliquer cette progression ? Tout d’abord, le festival ne se limite pas à la musique et présente des expositions ainsi que d’autres disciplines, comme la BD ou encore l’art vidéo. De ce fait, il attire un public plus varié.
Le festival monte également grâce à l’arrivée de Christian Allex dans l’équipe. Ce directeur artistique est une pointure dans le secteur musical et plus précisément, dans le monde des festivals. Il a notamment travaillé avec les Eurockéennes de Belfort. Il est important de savoir aussi que si le festival a gagné en visibilité, c’est parce qu’en cinq ans, son budget a été multiplié par 5. Ainsi, le Cabaret Vert peut s’offrir des têtes d’affiche accrocheuses qui attirent les jeunes.
Un aspect incontournable du festival est l’écologie. En effet, à l’heure actuelle, presque tous les festivals s’adonnent au recyclage des déchets et sensibilisent leur public à l’écologie. Le Cabaret Vert n’échappe pas à cette tendance et fait de ses aspirations écologiques un véritable argument. Le cachet vert est annoncé dans le nom même du festival.
J’ai tout de même noté un léger hic : à la fin des concerts, le site était jonché de gobelets en plastique. Les formules encourageantes des gobelets avec cautions ou encore des 20 ou 40 gobelets contre 2 tickets n’ont visiblement pas été adoptées. Les festivaliers n’avaient malheureusement pas le réflexe de jeter leurs bières et les pelouses étaient vraiment sales à la fin de la journée. Ecolo? Oui, mais la route est encore longue !
Le parking du festival était vaste et surtout, gratuit, ce qui est un argument non négligeable. Une agréable petite marche nous a menés dans la ville. Je mettais pour la première fois les pieds à Charleville-Mézières. Au loin, il était possible de distinguer un pont, la Meuse, des fortifications imposantes ainsi qu’une Eglise. L’ambiance était vibrante. Toute la ville semblait de sortie pour le festival.
En arrivant sur le site, j’ai tout d’abord été agréablement surprise par l’atmosphère : festive, chaleureuse, bon enfant mais aussi, incroyablement électrique. L’agencement des différents espaces était vraiment ingénieux. Le parcours allant d’une scène à l’autre n’était pas trop important. Le site en lui-même n’était pas très grand, mais bien organisé. Les espaces sonores ne se confrontaient jamais car lorsqu’un concert commençait sur une scène, un autre s’achevait sur la deuxième. L’horaire nous garantissait effectivement une soirée sans chevauchements. Avec une qualité d’affiche telle que celle de l’édition 2015, c’était vraiment une bonne nouvelle!
Je ne m’attarderais pas sur l’organisation méthodique des toilettes…Juste un petit peu quand même. Il n’y avait que des toilettes sèches, cachet vert oblige. Elles étaient nettoyées et rechargées en papier toilette après chaque passage : incroyable! J’ai noté aussi la présence ingénieuse d’un stand à eau, proposant aux festivaliers des gobelets d’eau en profusion. Ce stand est effectivement beaucoup plus pratique que les habituelles fontaines à eau que l’on retrouve habituellement en festival.
Les organisateurs ont décidé de promouvoir les produits de la région en présentant des cartes uniquement composées de bières artisanales ou de cidre artisanal. Les stands de nourriture vendaient également des produits locaux.
En début de soirée, nous avons pu apprécier les illuminations des jolies décorations disposées à travers tout le site. Les festivaliers s’allongeaient dans l’herbe en attendant leurs artistes préférés.
Le groupe The Shoes a dégagé une super énergie : un électro-rock aux rythmes rapides et entrainant. Le public était aux anges. Le groupe a assuré une grosse ambiance.
Ratatat promettait une autre atmosphère. Devant la deuxième scène, le public attendait impatiemment le duo new-yorkais qui nous honorait de leur présence. Nous avons eu droit à une performance très léchée et très réussie. La sonorité particulière de Ratatat était là! Les deux guitares nous ont ensorcelés avec leurs riffs aux mélodies accrocheuses. Les gens se dandinaient doucement aux rythmes électro/pop/rock du groupe. Nous avons eu la chance d’entendre quelques-uns des plus grands tubes de Ratatat, comme Loud Pipes, Montanita, Wild Cat et quelques chansons du nouvel album comme Abrasive.
Ratatat, c’est une musique évocatrice que l’on écoute en fermant les yeux, et en se laissant submerger par toutes les couleurs qu’elle nous évoque, pour tous les bons souvenirs qu’elle nous rappelle. Ratatat est une musique magique. Certes, ce n’est pas le concert qui m’aura le plus fait bouger, mais il m’a réchauffé toute entière et je serai bien resté là, des heures entières, à écouter cette musique qui pour moi, est un véritable baume pour les oreilles.
L’énergie nous attendait à l’autre bout du site, sur la scène animée par Zeds Dead. Les deux djs ont envoyé un cocktail électrisant composé de Dubstep, d’électro ou encore de trap, encourageant le public à danser dans une pure ambiance. Le son était bien équilibré, pas trop fort.
En revanche, deux malheureuses coupures d’électricité sont venues ternir le concert des Chemical Brothers. La première est intervenue en pleine montée et a provoqué une sérieuse vague de protestations. Une longue pause a suivi cet incident. La musique a enfin pu reprendre. Le public, heureux et soulagé a acclamé le groupe avec chaleur et puissance. Une nouvelle coupure d’électricité est survenue quasiment au même endroit dans la reprise de la chanson. La peur a commencé à nous étreindre : le problème de son avait l’air grave. Nous avions tout juste eu le temps d’entendre la première chanson, Hey boy Hey girl…Le temps avançait.
Finalement, un ingénieur son a pris le micro et a nous a annoncé qu’ils faisaient leur possible pour relancer la machine, qu’ils essaieraient une dernière fois et que si ça ne marchait pas, ils étaient désolée mais ils seraient obligés d’arrêter le concert. Le public a exprimé son mécontentement et la pelouse s’est peu à peu vidé de ses festivaliers, même si la grosse majorité est restée là et y croyait. Les musiciens ont repris sous les encouragements d’un public légèrement refroidi.
Les électriciens ont décidé d’éteindre les deux écrans encadrant la scène, et l’ensemble du dispositif a semblé bien tenir. Ouf ! Vers 1h30, la fin du concert approchait, cependant, les Chemical Brothers ont continué à jouer presque une heure encore. Nous avons pu entendre tous les titres les plus célèbres. Après avoir ouvert le show avec Hey Boy Hey Girl, les deux djs ont interprété Do it Again, Swoon, Setting Sun, Out of Control, la nouvelle et très énergique Go, et ont gardé les chansons Galvanize et Block Rockin’ Beats pour la fin. Malgré les coupures de courant, la performance des deux djs a vraiment été formidable. On a retrouvé une qualité de composition vraiment supérieure au reste. L’équilibre des sons était parfait. Les Chemical Brothers avaient l’air de s’amuser à surprendre l’auditeur. Pendant tout le concert, nos oreilles se sont pris de douces gifles auditives, jamais trop agressives. Les djs changent de rythmes, varient, passent d’une couleur à une autre, de planant à excitant, de sombre à clair…Parfois, le son semblait s’éteindre progressivement pour au final exploser la seconde suivante.
Nous n’avons pu assister qu’à la fin du concert de Mr Oizo. Les autres concerts étant tous achevés, tous les festivaliers s’étaient réunis à ce même endroit afin de fêter dignement cette fin de soirée musicale. A 3 heures du matin, le festival fermait ses portes. Nous sommes retournés à notre voiture en traînant des pieds et de la musique plein les oreilles.
Si vous êtes curieux, je vous conseille vivement de suivre de près ce festival qui promet pleins de bonnes surprises. Pour ma part, j’y retournerai très volontiers.
Cette première expérience du Cabaret Vert m’a conquis. J’ai hâte de voir ce que proposeront les programmateurs pour la prochaine édition.