scénario : Benoist Simmat
dessin : Vincent Caut
éditions : Dargaud
sortie : 28 aout 2015
genre : Humour
Dans la foulée du manuel de vulgarisation intitulé La ligue des économistes extraordinaires paru l’année dernière, le tandem Simmat et Caut poursuit l’aventure avec un nouvel ouvrage hybride (mi BD, mi essai) de même facture. Pour la rentrée, le duo retrace l’histoire du capitalisme à travers ses grands patrons les plus énigmatiques. Sans faire l’économie de l’humour, Simmat et Caut nous fournissent les clés pour comprendre la carrière professionnelle d’une quarantaine de grands aventuriers libéraux qui ont façonné chacun à leur manière le capitalisme, système économique ô combien décrié, dominant et régentant nos vies depuis près de 250 ans.
Aux commandes du texte, le journaliste économique Benoist Simmat revisite, dans ses plus grandes lignes, la vie azimutée des pionniers capitalistes modernes de la très british Lunar society (Arkwright, Boulton, Cook, Pont de Nemours,…) et des capitaines contemporains de l’e-économie (Jobs, Zuckerberg, Ma, Niel,…) sans oublier au passage les grands innovateurs de XXème siècle (Carnegie, Rockfeller, Chanel, Ford,…). Loin d’un académisme ronflant et plutôt dans un style teinté d’une irrévérence joyeuse, il nous livre en épisode de 2 à 3 pages des portraits sans concession de patrons aux business plans redoutables, qui ont jalonné et marqué durablement les trois grandes révolutions industrielles. Avec des rubriques acidulées comme l’Empire du pire, Son héritage narcissique, 100% bio, L’anecdote qui tue… l’humour n’est certainement pas en reste. Il rend la lecture fluide et veille à ne pas faire sombrer l’ouvrage dans le manuel à usage scolaire.
Pour éclairer le propos, de nombreux strips et planches BD aux dessins clairs et expressifs du jeune et talentueux Vincent Caut parsèment les textes et apportent une réelle valeur ajoutée à l’ensemble.
Au fil des pages, on devine des auteurs plutôt critiques qui revoient les événements à la lumière du présent et n’hésitent pas à souligner les traits de caractère pas très flatteurs de nos super héros du capitalisme. Ils se plaisent à désacraliser les monstres à l’égo démesuré, à prendre le contre-pied des grandes théories des écoles de commerce.
Bref, La ligue des capitalistes extraordinaires est un ouvrage plaisant qui compile, sur un mode léger, des capitalistes à la biographie insolente. Cependant, il nous offre une vision trop réductrice et parfois caricaturale du grand patronat par manque d’informations pointues. Dommage car le capital sympathie du manuel aurait pu être renforcé en y introduisant des éclairages supplémentaires comme des tableaux informatifs, des encadrés ou encore un glossaire instructif en marge de celui qui reprend citations parodiques et bons mots humoristiques.