Le Tout Nouveau Testament
de Jaco Van Dormael
Fantastique, Comédie
Avec Benoît Poelvoorde, Yolande Moreau, Catherine Deneuve
Sorti le 2 septembre 2015
Oufti, Dieu existe. Il habite à Bruxelles et s’appelle … Benoît Poelvoorde ! Pour leur première collaboration, le réalisateur Jaco Van Dormael – Le Huitième jour, Mr. Nobody – et le comédien belge dépeignent un Dieu pour le moins atypique : odieux, caractériel et colérique, son seul amusement est de créer les lois de l’emmerdement universel. Un personnage détestable qui pousse sa fille, Ea, à balancer les dates de décès de tout le monde par SMS avant de faire une fugue. Un beau bordel !
Derrière ce pitch peu orthodoxe aux airs de comédie foldingue, le cinéaste belge va cependant chercher à évoquer des thèmes aussi nombreux qu’hétéroclites et tabous, de la mort à l’obsession sexuelle en passant par la solitude et la violence conjugale. Le tout plongé dans un univers 100% belge – voire brusseleir, une fois ! – doublé d’un monde fantastico-poétique qui lui est propre, à l’instar de son travail sur Toto le héros.
Sans conteste, Le Tout Nouveau Testament est, plus qu’un ovni cinématographique, un véritable patchwork audiovisuel. Le casting ne faillit pas à cette règle, Van Dormael osant rassembler Catherine Deneuve, Benoît Poelvoorde, François Damiens, Johan Heldenberg, Laura Verlinden ou encore Yolande Moreau dans le même film. Et parmi ce casting de prestige, la jeune Pili Groyne, déjà vue dans Deux jours, une nuit, confirme son potentiel de comédienne.
L’aspect visuel est lui aussi empreint d’un éclectisme certain, les plans et les séquences s’enchaînant dans une arythmie troublante et féérique.
Malgré une histoire très linéaire, balisée et sans véritable surprise, le film a parfois tendance à s’égarer dans une multiplicité de bonnes idées et de personnages qui manquent de profondeur et semblent finalement un peu « injustifiés ». En effleurant de – trop – nombreux thèmes, le réalisateur n’a tout simplement pas le temps de les traiter à leur juste valeur en seulement 110 petites minutes.
Sans pour autant décevoir, Le Tout Nouveau Testament manque donc tout de même d’une petite étincelle de génie et souffre d’un trop grand nombre de trames narratives s’entremêlant de manière quelque peu artificielle. Mais la poésie surréaliste de Van Dormael demeure un plaisir pour les yeux et les oreilles et font du film un conte moderne ancré dans la belgitude.