Mon premier festival, je l’ai passé aux Ardentes en 2008. Vous pouvez imaginer mon impatience à l’idée de remettre le couvert cette année, et de plus en compagnie d’amis Liégeois.
Toutes les conditions étaient réunies pour passer un super festival : le soleil, un bon groupe d’amis, une affiche intéressante, et un pass presse nous permettant de profiter au mieux des infrastructures.
Le premier jour s’est déroulé dans le calme. Jeudi, on attaque notre premier concert avec The Dø. Belle surprise pour moi n’étant pas une grande fan du groupe. Malheureusement, des soucis de sons au niveau des baffles sont venus gâcher un peu ce plaisir. La chanteuse, complètement dans son univers, a électrisé comme il faut cette salle qu’à moitié remplie. Une très belle ambiance pour un premier concert.
La grande plaine, espace très confortable du site, accueillait sur sa scène principale le groupe américain Rae Sremmurd. Peu convaincus, nous nous sommes tranquillement installés. Rae Sremmurd propose un hip hop très commercial, assez semblable à ce que l’on entend un peu tous les jours partout à la radio. Les deux rappeurs courraient sur scène dans tous les sens. L’ensemble était sympa mais quelques peu répétitif.
Kendrick Lamar, jeune espoir du hiphop américain et rappeur prolifique est arrivé en retard. C’est apparemment une mode dans le clan des artistes américains. Mes compagnons n’ont cessé de me répéter ces anecdotes qui tournaient pas mal sur le site : le retard d’Erykah Badu et surtout, le retard de Missy Elliot et son erreur (impardonnable semble-t-il) d’avoir lancé un malheureux « Come on Brussels ! »…
Le show de Kendrick Lamar était à la hauteur des espérances générales. Un impressionnant dispositif comprenant un grand écran qui faisait défiler ses clips à l’arrière. Kendrick est arrivé sur scène entouré de musiciens, ce qui était assez rafraîchissant.
Le lendemain, je suis arrivée juste à temps pour assister au concert d’Hercules and the Love Affair. J’avais un peu écouté avant le festival et conclu qu’il s’agissait d’un groupe de house/techno accompagné d’une voix. Quelle erreur et quelle ignorante je faisais ! Le public s’est retrouvé face à deux hommes, chapeaux vissés sur la tête, un style excentrique terriblement génial…La musique du groupe m’a bluffée et m’a emportée avec facilité. Une super ambiance, un soupçon gay pride, nous a fait passer un bon moment.
Un petit détour par l’open air pour écouter De la Soul & Big Band afin de se souvenir de ce qu’est le bon hiphop old school ! Puis ce fût l’attente interminable du rappeur américain A$AP Rocky. Ce dernier s’est vraiment laissé désirer. Le concert, dans l’ensemble, était assez agréable, moins surprenant que ce à quoi je m’attendais. Même si je déplore le fait que pas une fois, A$AP n’ait prononcé des excuses pour son retard et qu’il ait clairement monopolisé la Main Stage en décalant tous les concerts de la soirée et en faisant attendre Oscar and the Wolf, je dois avouer que j’ai bien apprécié son enthousiasme. Le rappeur faisait bien son boulot et chauffait la scène efficacement. Son flow, incontestablement magistral, ne m’a pas déçu. En revanche, c’est l’aspect répétitif de l’ensemble que je reprocherai. Je m’attendais à plus de surprises. A$AP a dû être quasiment sorti de scène. Il est même resté pendant quelques minutes à la fin de son concert, à chauffer la foule sur la musique de transition.
Avec ce décalage, nous n’aurons pu voir d’Oscar and the Wolf, seulement qu’une quinzaine de minutes de leur concert, et nous les avons jugées un peu molles. Nous avons donc couru vers le HF6 pour écouter The Avener. L’ensemble du concert était vraiment bien réussi : le DJ français a passé ses sons connus et a fait danser le public des Ardentes. J’ajouterai tout de même que les basses étaient beaucoup trop fortes, ce qui nous a empêchés de bien apprécier les mélodies entraînantes et bien construites du DJ.
Bakermat enchaînait juste après. Il était fort attendu et le HF6 était rempli. Malheureusement, les problèmes de son de The Avener se sont ressentis de manière décuplée chez le DJ néerlandais. Un vrai gâchis selon moi. Je n’avais pas prévu des boules Quiès et n’en suis habituellement pas du tout adepte. Pour la première fois, j’aurai prié pour en avoir afin de mieux discerner les mélodies géniales de Bakermat : je n’ai absolument rien entendu et j’ai dû sortir… Les basses monopolisaient tout l’espace sonore, ce qui rendait la musique répétitive et inaudible.
Les basses sont appropriées pour un certain type de musique. Même si la house doit contenir des basses, là, c’était vraiment exagéré !
Ce sont les oreilles en purée que nous avons de nouveau atterri sur la Main Stage pour écouter le grand Paul Kalbrenner qui anima cette plaine de manière tout à fait exemplaire. Les confettis jonchaient le sol, les lumières et la fumée donnaient une atmosphère de boîte de nuit en plein air, tout ça accompagné d’un son bien équilibré : c’était génial.
La journée de samedi fut la plus épuisante. Nous nous sommes retrouvés sur la Main Stage pour écouter Benjamin Clementine. Il nous délivra un concert aux sonorités originales.
Sa personnalité unique et étrange n’a pas plu à tout le monde. Je pense qu’avec lui, ça passe ou ça casse : c’est une question de goût. J’ai passé un bon concert, avec des rythmes variés, de belles performances au piano et au violoncelle et surtout, une aisance vocale allant parfois gratter le registre lyrique. Ces moments musicaux complètement hallucinants n’ont pas fait l’unanimité.
Charlie Winston a succédé à Benjamin Clementine sur la grande scène. Il nous a présenté un concert bien léché, pop-rock, retrouvant parfois les sonorités un peu groovy de ses débuts.
Retour aux scènes intérieures, à l’Aquarium pour aller voir Ben Kahn. Et là, surprise : une assistance quasiment vide. Le groupe ne s’est pas démonté pour autant et nous a offert une belle performance. Les pauvres jouaient juste avant Nicki Minaj…
Le HF6 juste à côté se remplissait de plus en plus. La chaleur s’accumulait. Avant la fin du concert de Ben Kahn, nous nous sommes tout de même déplacés vers le HF6 afin de se trouver une bonne place pour Nicki Minaj : Tâche ardue !
Je dirai que 80% des gens étaient présent afin de VOIR Nicki Minaj, cette super star américaine, ou plutôt, afin de voir en live son fameux « Twerk » et sa plastique prêtant à polémique. Les 20% de fans complètement hystériques s’étaient regroupés aux premiers rangs.
Nous entendions tout autour de nous des discussions diverses et variées concernant la chanteuse. Parfois, les propos pouvaient même être très insultants et agressifs. La foule trépignait d’impatience. La première chose qui m’a sauté aux yeux en regardant la scène : la présence d’instruments, ce qui est en général plutôt bon signe.
La chanteuse est arrivée avec une vingtaine de minutes de retard. Retard acceptable un peu comme une sorte de « quart d’heure académique » du concert. Parée comme une veuve, avec une longue robe en tulle noir et un voile de la même matière recouvrant son visage, elle est apparue seule, surélevée. Cette mise en scène assez impressionnante a contribué à déchaîner la foule. La chanteuse n’a pas tardé à faire tomber la robe. Les chansons se sont défilées. La décence n’est pas le mot qui qualifierait ce concert.
En cela, Nicki Minaj ne nous a pas déçus : Ses danseurs légèrement vêtus se trémoussaient autour d’elle, en réalisant des figures scandaleuses, twerk et compagnie. Au niveau performance, la question gênante est posée : Playback ou pas playback ? En analysant mes vidéos, il est clair qu’elle ne chantait pas, mais j’espère qu’elle rappait tout de même, parce que son flow est vraiment extraordinaire. Pendant la chanson Anaconda, Nicki Minaj nous a offert quelques postures scandaleuses, exactement ce que le public attendait d’elle… Dans l’ensemble, il s’agissait plus d’un show que véritablement d’un concert. Musicalement ? Rien d’exceptionnel.
Par curiosité, nous avons par la suite fait un petit tour à l’Aquarium afin de jeter un coup d’œil au concert de Slow Magic. Son costume me faisait pensait à celui de la Princesse Mononoké de Miyasaki. Il nous a complètement transportés dans son univers grâce à sa musique, très puissante, intense et entraînante.
Après une courte pause, nous sommes allés écouter Nero en DJ set. Trap, trap et trap. Les mêmes drops, les mêmes sons, rien d’extraordinaire, presque ennuyeux. Il n’a même pas cherché à varier son set. Ça plaisait au public en tout cas, mais m’a laissé complètement indifférente et déçue. J’attendais avec impatience le set de Flux Pavillon qui commençait juste après. Enfin un peu de Dubstep, de Drum & Bass…Le set du jeune producteur anglais m’a vraiment plu. Il a mélangé les styles, envoyé quelques uns des ses meilleurs sons, des anciens sons, des nouveaux sons. Un concert varié, avec une bonne sonorité. Je craignais des basses encore plus fortes que pour le concert de Bakermat. Heureusement, le son était bien équilibré. Je suis sortie de la salle satisfaite.
Le dimanche a débuté avec le concert de Balthazar.
Moi qui ne connaissais pas vraiment hormis les chansons qui passent à la radio, je fus agréablement surprise. La musique qu’ils ont produite était propre et bien construite. De la pop-rock solide, accompagnée des deux chanteurs qui ont réalisé un sans faute.
Tinie Tempah a succédé à Balthazar et a installé une pure ambiance. Le rappeur est arrivé en retard, mais son DJ a chauffé la foule en passant des sons dansants, comme Major Lazer, etc. Lorsque Tinie Tempah est arrivé, la musique a pris une nouvelle consistance. Il était encore tôt, 22h30, mais les gens ont dansé et se sont complètement lâchés. Un « pogo » s’est même déclenché juste derrière nous. Le DJ rappait également et l’atmosphère était incandescente. Le flow de Tinie Tempah a entraîné toute l’assistance.
Enfin, pour achever ce festival en beauté : D’Angelo. Comme toutes les grosses pointures américaines, il nous a fait attendre. Quand il est arrivé, accompagné de tous ses musiciens, il a assuré, avec des sons très funky, rock, soul et hiphop.
L’affiche de cette dixième édition était légèrement déséquilibrée : trop de hiphop et rap à mon goût. La plupart du temps, les sons étaient trop ressemblants créant un sentiment de répétition. La qualité du son dans les salles couvertes n’était vraiment pas terrible voire complètement mauvais pour certains concerts (The Avener et Bakermat). Au niveau musical, les concerts étaient réussis. Peu de réelles surprises, mais certains très beaux moments de musique. Le public s’est déplacé en masse pour les journées de vendredi et samedi, les plus ensoleillées. En revanche, les journées de jeudi et dimanche ont connu beaucoup moins de fréquentation. Certains concerts avaient de tous petits publics, ce qui est dommage pour les artistes.
En revanche, l’ambiance sur le site était incroyable, et toujours très bon enfant. Le Festival les Ardentes reste à la hauteur de sa réputation. J’espère que ce festival va vivre encore de très longues années.
Le changement de site du festival n’a pas encore été confirmé. Il se pourrait que la prochaine saison des Ardentes se déroule à nouveau au Parc Astrid.
Ce que nous aimons avec ce site : la verdure, la Meuse, l’agencement agréable, l’aspect vraiment confortable.
Ce que nous aimons moins : le manque de places de parking, le son parfois mauvais des salles couvertes.
Nous sommes toujours un peu rigides face au changement. Cependant, lorsque les organisateurs auront choisis un nouveau lieu, faisons leur confiance ! Jusqu’à présent, ils nous ont rarement déçus !