auteur : Harlan Coben
édition : Audiolib
sortie : mars 2015
genre : thriller
Partagé entre sa série consacrée à Myron Bolitar, agent sportif souvent mêlé à des affaires criminelles, et celle dédiée à Mickey, le neveu de Myron, Harlan Coben parvient régulièrement à publier des « one shots » n’entrant dans aucune de ces deux collections – le plus illustre étant Ne le dis à personne, adapté au cinéma par Guillaume Canet. Tu me manques fait partie de cette dernière catégorie et confirme la capacité de Coben à concocter des suspenses bien huilés, dans un esprit d’efficacité très américain.
Kat Donovan, inspectrice de police au NYPD, retrouve par hasard son ex-fiancé sur un site de rencontre. Après des premiers échanges assez froids et distants par écrans interposés, Kat essaye de se renseigner sur cet amour de jeunesse dont elle ignore finalement tout depuis qu’il l’a quittée. En parallèle, Kat commence à enquêter sur une disparition qui pourrait bien avoir un lien avec une organisation criminelle de grande envergure. Enfin, la mort récente de l’assassin de son père, tué une vingtaine d’années auparavant, fait ressurgir des souvenirs et des secrets trop longtemps enfouis.
L’habileté de Coben se situe dans sa capacité à multiplier les sous-intrigues, chacune liée de près ou de loin à son personnage principal, et de les faire se rejoindre petit à petit, jusqu’à un final en guise d’apothéose reliant définitivement toutes les pistes narratives développées. À cet égard, Tu me manques rassemble un peu tous les aspects du roman noir dans un grand mix plutôt équilibré et cohérent. On y retrouve à la fois l’aspect de thriller domestique avec la recherche de l’ancien fiancé, le côté poisseux des crimes sordides avec les enlèvements à la chaîne, et le « whodunit » avec le meurtre mystérieux du père, prenant des allures de « Cold Case ».
Malgré ce programme déjà bien chargé, Harlan Coben prend le temps de s’intéresser à chacun de ses personnages et d’en dresser des portraits précis, bien que parfois très stéréotypés – le collègue macho, la meilleure amie bimbo, etc. Mais c’est dans la description détaillée et étalée sur la longueur de la personnalité et des affects de son héroïne que l’auteur semble le plus se plaire. L’écoute de cette édition en Audiolib permet de s’attarder sur cette dimension – que l’on a tendance à sacrifier au profit de l’intrigue policière dans la lecture – et la déclamation posée et déliée de Maud Rudigoz la met sur un plan d’égalité avec le reste du récit.
Cette manière d’intégrer une intrigue sentimentale et un style plus psychologisant dans un polar est assez symptomatique de la capacité qu’ont les auteurs populaires – ou vendeurs – à parler aux publics auxquels ils s’adressent. Harlan Coben a bien compris que le lectorat des romans policiers – et le lectorat tout court – n’en finit pas de se féminiser. Il est donc tout à fait logique qu’il adapte son écriture à cette réalité pragmatique, d’autant plus qu’il le fait plutôt très bien.