Depuis le 10 juillet et jusqu’au 18 se tient un des meilleurs festivals de jazz en Belgique : le Gent Jazz Festival.
Réputé pour la qualité de sa programmation et son organisation sans faille avec notamment un timing des concerts minutieusement respecté, celui-ci avait pris cette année un nouveau visage avec une nouvelle disposition des stands, un espace agrandi mais surtout une seconde scène (The Garden Stage)bien mieux disposée et accueillante.
Le principe de cette « Garden Stage » est d’y faire jouer des groupes en alternance avec les concerts principaux qui ont lieu sous un grand chapiteau pouvant accueillir 4000 personnes. Je m’y suis rendu le dimanche 12 pour une journée particulièrement riche en émotions et de grande qualité.
Commençons, une fois n’est pas coutume, par la « Garden Stage » qui programmait ce jour-là, le sympathique et surdoué pianiste-arrangeur-compositeur Michel Bisceglia qui présenta trois concerts de 40 minutes sous trois formules différentes.
La première en solo, la seconde en duo avec le guitariste français Olivier Louvel et la troisième avec son splendide trio depuis 20 ans comprenant Werner Lauscher à la contrebasse et Marc Lehan à la batterie.
Avec ce trio, Michel B. présenta plusieurs magnifiques compositions de son tout simplement splendide et mélodieux dernier album Singularity (Prova records).
Le « Garden Stage » présentait donc ici un artiste talentueux qui aurait pu être également(et sera certainement un jour)programmé sur la scène principale. Quel régal en soi pour les festivaliers!
Passons à cette grande scène sur laquelle le Stéphane Belmondo Trio ouvrait les hostilités avec son hommage à Chet Baker en présentant son dernier CD Love for Chet.
Le trompettiste était accompagné par l’excellent Thomas Bramerie à la contrebasse et du guitariste virtuose hollandais Jesse Van Ruller qui nous a offert, tout comme ses deux comparses, des solos d’une rare beauté.
La musique était délicate, douce et feutrée à l’image de Chet que Stéphane avait eu la chance de rencontrer étant jeune et avec qui il avait même joué; Chet voyant déjà en Stéphane un grand trompettiste.
Le second concert sur cette scène était celui du Bill Charlap Trio avec un casting de rêve : Peter Washington à la contrebasse et Kenny Washington à la batterie.
Non, ils ne sont pas frères mais forment une rythmique de rêve. Je ne connaissais pas bien Bill Charlap mais je fus épaté par sa musicalité offrant un jazz tantôt dynamique tantôt sensuel et ce, en alternant standards et compos personnelles.
Très proche de ses musiciens à qui il laissait beaucoup de liberté, il ne pouvait s’empêcher de lancer des éloges à leur égard tous les deux morceaux; lui-même étant dans une grande forme et fortement applaudi.
Le troisième concert était, bien évidemment, l’événement tant attendu par un chapiteau(et ses alentours) bourré à craquer : la rencontre entre Tony Bennett et Lady Gaga.
Tony Bennett entre en scène sur la voix de Frank Sinatra qu’on entend dire en anglais : « Bienvenue au légendaire jazzman Tony Bennett ». Au crooner d’ensuite annoncer Lady Gaga qui arrive en tenue décolletée et pailletées et ce n’était que la première d’une longue série. Le duo entame son concert avec un frissonnant Anything goes.
Les deux jazzman ont fait voyager le public(tous âges confondus et certains habillés de façon extravagante) avec les standards américains de Duke Ellington, Cole Porter (Lady is a tramp, Nature boy, …) mais aussi de Frank Sinatra et ils ont bien sûr interpréter l’entièreté de leur album commun Cheeck to cheeck sorti en 2014.
Un moment étonnant de la soirée fut celui où Lady, très légèrement vêtue de rose chanta en français (Et oui!) La vie en rose d’Edith Piaf. La chanteuse qui avait commencé sa carrière il y a 15 ans dans le jazz a révélé une belle voix insoupçonnée tout au long du nombre important de morceaux joués(un petite trentaine).
Le duo fut magistralement ovationné en fin de concert et une chose est certaine : Tony, à 88 ans, a bien démontré qu’il était encore loin d’être…Gaga.