auteur : John D. Barrow
édition : Actes Sud
sortie : mai 2015
genre : Art et science
« Et si l’art et la science étaient intimement liés et qu’on puisse le prouver ? » C’est par cette interrogation que commence la réflexion de John D. Barrow. En effet, qu’y a-t-il de différent entre ces deux concepts ? Rien mis à part le nom qu’on leur donne. Qu’elle est la différence entre les choses qu’on admire parce qu’elles ont un impact, un écho en nous mais qu’on ne peut expliquer et les choses qui demandent à être expliquées formellement pour être comprises ? Rien, seule la manière de se poser des questions diffère, la démarche est la même. L’art et la science sont deux voies de recherches bien humaines, mais elles expriment surtout une envie de voir, de comprendre ce qui est invisible.
A partir de ce point de départ, L’art de l’univers nous invite au fil des pages, à nous interroger sur ces deux phénomènes pour faire émerger leurs similitudes et leurs différences mais surtout pour exprimer la volonté de comprendre comment ils se nourrissent l’un l’autre. Que l’art et la science aient des origines communes peut sembler étonnant parce que les sciences donnent du monde une image impersonnelle et objective tandis que l’art célèbre la subjectivité.
L’Art de l’univers présente une observation de certaines voies inattendues par où la structure de l’univers, en commençant par son aspect astronomique pour terminer sur ses environnements en passant par les lois qui le régissent, s’imprime dans nos pensées, décide de nos préférences esthétiques et font évoluer nos opinions sur la nature des choses.
On se rend compte dès lors que chaque découverte scientifique importante va de pair avec un nouveau courant artistique qui démontre un changement dans le mode de pensée des humains. Par exemple, la figuration de la perspective durant la Renaissance coïncide avec une vision du monde plus ouverte notamment grâce à la découverte du Nouveau Monde. Ce n’est pas que l’on ne connaissait pas les principes de la perspective avant cette date mais jamais avant il n’avait semblé essentiel de la représenter. Et ce n’est pas parce qu’on ne représente pas quelque chose qu’on ne le connait pas.
Comment l’impact de l’évolution, la connaissance de plus en plus fine de l’univers qui nous entoure et de ses ramifications influence notre comportement actuel et notre penchant pour un certain type de représentation artistique. En bref, plus les recherches scientifiques deviennent poussées voire nébuleuses autant cela se ressent dans l’art.
Il faut s’accrocher pour arriver au bout de ce gros volume qui compile des années de recherches très sérieuses n’est qu’à voir le nombre de sources qui ont été nécessaires à sa rédaction. Si vous n’avez aucune formation ou connaissances dans les domaines de l’art et de la science, il vous sera difficile d’aller jusqu’au bout tant le texte est spécialisé. Aux concepts de fractales, multivers, évolution et autres s’ajoutent un vocabulaire très spécialisé truffé d’un grand nombre d’exemples concrets, de retours sur les citations des grands artistes et scientifiques actuels ou passés pour étayer ses hypothèses. On tire notre chapeau pour ce livre qui cherche à voir ce que les autres ne voient pas où n’ont pas envie de voir, car c’est un domaine d’expertise peu exploré jusqu’ici.
Si l’on reste effectivement dans le domaine des hypothèses, force est de constater qu’elles sont éclairantes sur pas mal de points. Du moins, jusqu’à ce que quelqu’un d’autre n’en propose de meilleures…