Magic Mike XXL
de Gregory Jacobs
Comédie, Drame
Avec Channing Tatum, Matt Bomer, Joe Manganiello
Sorti le 8 juillet 2015
Après le succès commercial adolescent de Magic Mike réalisé par Soderbergh en 2012, film que l’on peut se permettre déjà de qualifier d’assez cliché, le scénariste Reid Carolin se lance à l’écriture d’un deuxième volume, encore une chorégraphie de testostérone pour ceux qui n’en ont pas eu assez avec le premier. De taille XXL cette fois, les trois lettres rajoutées au titre du nouveau film ne sont pas à sa dimension.
Magic Mike XXL redresse la vie des anciens personnages trois ans après le premier film. Après avoir renoncé à sa vie de strip-teaseur et essayé d’ouvrir un atelier d’ameublement, la nostalgie de Mike l’incite à rejoindre son ancien groupe de streap-teaseurs « les Kings of Tampa » afin de clôturer leur carrière avec un spectacle final époustouflant à Myrtle Beach. Sur le chemin, ils revisitent d’anciennes connaissances et en tissent de nouvelles, tout en préparant leur routine de danse pour le show final.
Le scénario du film essaie de se marier à plusieurs formes sans en réussir aucune : il se veut à la fois une structure non classique, un road movie, une suite indépendante d’évènements… mais n’arrive malheureusement qu’à être une juxtaposition de saynètes gratuites. Avec un rythme en creux, il se suspend au milieu pour devenir ennuyant et ne se rallume qu’à la fin avec une série de sketches de strip-teases, pas suffisamment assez intéressants pour le sauver.
Supposé créer une relation avec le spectateur similaire à celle qu’un strip-teaseur entretient avec son objet de séduction, Magic Mike XXL échoue aussi à produire une séduction allumeuse qui excite sans satisfaire. Les acteurs n’arrivent pas à créer une convoitise sexuelle et encore moins une fantasmagorie cinématographique. Il existe plus de sex-appeal dans une cigarette fumée par Marlon Brando que dans les mouvements de danse vulgaires de Channing Tatum, plus de charme dans un regard inoffensif d’Alain Delon que dans les yeux artificiellement prédateurs de Matt Bomer, plus de désir dans le corps passif de Gael Garcia Bernal que dans les fesses en mode « atomes libres » de Joe Manganiello, plus de masculinité entre les bras de Michael Fassbender que dans la sauvagerie primitive de Kevin Nash, plus d’interdit dans le charme de Brad Davis que dans les tentations immatures d’Adam Rodriguez. Mathew McConaughey, unique personnage qui parvenait dans le premier film à exciter le spectateur rien qu’en prononçant quelques mots en début de l’action, a été retirée du nouveau film, le laissant à ses pauvres ressources non abouties.
Prétendant viser la liberté sexuelle de la femme, le film dévoile en effet une couche misogyne et sexiste. La femme ne cesse de se justifier à elle-même, sinon au spectateur américain pour avoir recours à un strip-teaseur. Elle n’a eu qu’un homme dans sa vie, son mari ne lui a pas fait l’amour depuis longtemps, elle se remet de son divorce : que des excuses que l’on est obligé à coller aux femmes qui expliquent dès lors l’emploi d’un strip-teaseur. Magic Mike XXL ne laisse pas aux femmes la chance de faire appel à un corps masculin pour assouvir leurs simples désirs sans les rendre excusables. Encore pire, les hommes eux-mêmes se lancent dans un manuel psychologisant qui explicite pourquoi il est acceptable d’avoir un strip-teaseur, vu comme un sauveur qui vient à la rescousse des femmes en besoin.
Magic Mike XXL vient s’inscrire à la longue liste des sagas adolescentes. Se moquant à un moment de Twilight, il ne se trouve pas dans une lignée différente de celle-ci et se limite à un Step-up PG-18.