Les Jardins du Roi
d’Alan Rickman
Drame, Romance, Historique
Avec Kate Winslet, Matthias Schoenaerts, Alan Rickman
Sorti le 1er juillet 2015
Après L’Invitée de l’hiver en 1997, Alan Rickman réalise cette année Les Jardins du Roi, une fiction qui prend place pendant la construction des jardins de Versailles sous Louis XIV. Cette romance où figurent Kate Winslet et le décidement omniprésent Matthias Schoenaerts flirte de façon anachronique avec les passions sans réussir à nous séduire.
André Le Nôtre s’est vu confié la réalisation des parcs et jardins de Versailles. Pour abattre ce travail titanesque, il s’octroie l’aide de sous-traitants, parmi lesquels celle de Sabine De Barra, chargée de réaliser le bosquet des Rocailles. D’abord séduit par son travail original, Le Nôtre est rapidement troublé par le charme naturel de cette femme simple et audacieuse qui saura gagner jusqu’à la sympathie du roi.
L’histoire des Jardins du Roi a beau se dérouler dans une des périodes les plus franco-françaises de l’histoire de l’Hexagone, le film n’est français ni dans la forme ni dans l’esprit. Il se paie même le luxe déplacé de recourir à de l’humour british. Heureusement, puisque nous avons des principes mais pas trop, nous passons volontiers l’éponge sur cette distorsion culturelle.
Mais, même avec une dose de bonne volonté, il est difficile de ne pas remarquer que ce deuxième film d’Alan Rickman est excessivement fleur bleue. Et une romance à laquelle le spectateur n’adhère pas, on appelle cela une guimauve. Le beau monde qui figure au générique n’y change rien : Alan Rickman en Roi-Soleil ; Stanley Tucci dans le rôle de l’excentrique Monsieur ; Kate Winslet en séduisante Madame De Barra et Matthias Schoenaerts dans la peau de Le Nôtre. Les deux acteurs principaux remplissent honnêtement leur contrat, à défaut de « passionnément ». Elle, blessée par son passé mais décidée et volontaire ; lui, courtisan cartésien et distant qui ne demande qu’à aimer à nouveau, hors d’un mariage raté. Nous y croyons de bonne grâce, mais sans être emportés, d’autant que Schoenaerts en courtisan laisse un peu dubitatif.
Cependant, la pierre d’achoppement est plutôt du côté du scénario et de la réalisation. Doutant peut-être de la capacité des spectateurs à se projeter dans une histoire, la réalisation a voulu à tout prix moderniser les costumes ainsi que les rapports sociaux et de genre. Sauf qu’il est difficile de croire que Madame De Barra rencontre si peu de résistance en tant que représentante du « sexe faible » (pour l’époque, entendons-nous) ou en tant que roturière. L’adversité à laquelle ce personnage fictif fait face semble donc minime (A little Chaos comme le dit le titre anglophone) comparé aux véritables épreuves qui auraient pu se dresser sur son chemin. Ce long-métrage n’avait certes pas vocation à être un film social, mais devait-il pour autant être si… « Disniais » ?
Les Jardins du Roi prouve qu’avoir de grands noms à l’affiche ne suffit pas pour faire un grand film… Et qu’il faut plus qu’une histoire d’amour à l’eau de rose pour faire fondre notre petit cœur de beurre.