scénario : Vincent Dugomier
dessin : Benoît Ers
éditions : Le Lombard
sortie : 7 mai 2015
genre : Historique, Franco-belge
Après l’excellent Hell School, on attendait impatiemment la nouvelle collaboration entre le scénariste Vincent Dugomier et le dessinateur Benoît Ers. C’est dans une série historique à destination du jeune lectorat que s’est lancé le tandem.
Au début de l’occupation allemande durant la seconde guerre, le jeune François – aidé de son ami Eusèbe et d’une orpheline allemande du nom de Lisa – refuse de se soumettre à l’autorité de l’envahisseur et commence à organiser, à son petit niveau, une résistance. En imprimant des tracts sur des morceaux de papier peint pour ouvrir les yeux des villageois sur l’occupant, il commence petit à petit à conscientiser ses concitoyens, tout en restant dans l’ombre.
Faire une BD de divertissement à partir d’un sujet aussi délicat que l’occupation pouvait s’avérer extrêmement risqué. Mais Ers et Dugommier s’en sortent finalement avec les honneurs, en trouvant un bon équilibre entre leur fil narratif fictionnel et une véritable volonté de didactisme envers les enfants et les jeunes adolescents. Si le jeune lecteur s’attachera et s’identifiera facilement au héros, le lecteur adulte trouvera également son intérêt dans ce premier tome, tant les problématiques et les faits historiques y sont abordés à la fois avec rigueur et clarté.
On pouvait craindre que mettre en scène la résistance par le prisme des enfants simplifie les choses jusqu’à en occulter toute ambiguïté et toute allusion à la collaboration. Non seulement ce n’est pas le cas, mais en plus ces problématiques sont abordées de front dans le scénario de Dugomier. Celui-ci expose en effet la dichotomie qui existe entre les français déçus par le Maréchal Pétain et ceux qui continuent de le suivre, ou encore la différence de situation entre la vie dans les villages et celle à Paris durant l’occupation.
Bien évidemment, ces thématiques ne sont qu’esquissées et restent très en surface – on reste dans de la vulgarisation historique pour enfants – mais la manière dont s’y prennent Ers et Dugommier est la plus légitime et la plus respectueuse possible, en fonction de leurs ambitions.
À noter que ce premier tome est accompagné de plusieurs pages d’annexes qui remettent en contexte les faits – toujours à destination d’un jeune public – et qui résument la recherche des auteurs sur le sujet des enfants résistants. Dans cette optique-là, on imagine très bien que cette bande dessinée puisse être utilisée dans les écoles comme porte d’entrée sur la problématique de la seconde guerre.