Black Butler de Kentaro Ohtani et Kei’ichi Sato
Le public du BIFFF est un peu plus jeune que d’habitude pour cette séance de 15h30 : normal, Black Butler est l’adaptation d’un manga très populaire chez les ados, qui retrace les aventures et la soif de vengeance d’un jeune comte anglais membre de la très sélect société des « Chiens de garde de la reine », assisté du majordome démoniaque à qui il a vendu son âme contre une aide précieuse.
Dans cette version, l’histoire est transposée dans le monde contemporain mais ce qui est chouette, c’est qu’elle regorge de traces du contexte orignal. Ainsi, Sebastian, le « black butler » du titre, est une sorte de dandy oscarwildien androgyne super classe, portant gants blancs, queue de pie et montre à gousset, et qui se bat comme un ninja avec des couteaux en argent. Bon, si on rentre dans les détails, il y a des tas de choses qu’on ne comprend pas bien, mais en gros, nos deux compagnons essaient d’empêcher l’extension de la Malédiction du Diable (tremblez, jeunes gens !), une vraie saloperie qui vous transforme en momie sans que vous ayez eu le temps de dire ouf (enfin, ça dépend, si le personnage doit faire une révélation importante, les effets sont un peu différés) en vous faisant respirer une drogue euphorisante. Donc, la jeune comtesse intrépide qui cultive l’ambiguïté sexuelle (en effet, c’est une fille, mais elle se fait appeler Kiyoharu et s’habille en garçon – ça fait partie des trucs qu’on comprend pas bien) et son serviteur amoureux des chats se lancent sur la piste du complot, qui révèlera bien des choses sur l’histoire familiale de l’adolescente…
Si l’histoire et les personnages sont assez typés – on a quand même des gentils et des méchants, et le démon, sous ses aspects un brin belliqueux, est finalement plutôt moral et affectueux – et l’intrigue un peu approximative, Black Butler, sans doute conçu pour un public ado, reste un spectacle plutôt divertissant, une aventure bourrée de combats auxquelles l’élégance du butler dandy donne tout leur sel. Les puristes du manga auront peut-être une vision complètement différente de cette adaptation, mais quand on n’y connaît rien, le simple fait de voir des Japonais déguisés en nobles anglais dans des châteaux, c’est rigolo.
Mindscape de Jorge Dorado
Alors là, pour le coup, nous en avons eu plein les mirettes. En compétition internationale, Mindscape a littéralement torturé les méninges d’une salle comble. Comme pour ponctuer une soirée grand cru, le film de Jorge Dorado nous a emporté dans une histoire tortueuse où même les plus alertes ont du revoir plusieurs fois leur jugement.
John est un voyant un peu particulier. De fait, chez lui pas de boule de cristal ou de poissons éviscérés, mais des électrodes lui permettant d’entrer dans la mémoire de ses patients et de résoudre leurs soucis ou mieux, des enquêtes. Alors qu’il semble un peu sur la pente descendante, John se voit confier une tâche facile au demeurant. Ce dernier doit soigner une jeune fille de bonne famille qui ne s’alimente plus. Mais voilà, le passif est bien plus lourd et lugubre qu’il ne paraissait au départ (ce n’est pas ta faute John !).
Doté d’un casting cinq étoiles composé notamment de Mark Strong ou Brian Cox, Mindscape est le genre de film que l’on suit sans voir le temps passer. Même si le public semblait y voir dès le départ un remake d’Inception, celui-ci s’est vite laisser embarquer dans ce récit aussi fantaisiste que dramatique. Chaque séquence et chaque image se décortique de manière minutieuse. Une prouesse pour une production ambitieuse mais jouant sur un terrain glissant, celui de la transposition du subconscient. Beaucoup s’y sont essayés sans grand succès. Un numéro d’équilibriste effectué avec brio par Jorge Dorado derrière lequel se cache un certain Jaume Collet-Serra (Non-Stop).
Bref, une torture scénaristique que nous vous invitons à découvrir.
Emilie Garcia-Guillen et Matthieu Matthys