scénario : Stephen Desberg
dessin : Miguel Lalor
éditions : Dargaud
sortie : 22 mai 2015
genre : Aventure, polar, thriller
À Rio de Janeiro, Jean Ravelle se partage entre l’activité d’homme d’affaires milliardaire et celle de justicier vengeur, s’attaquant à ceux qui ont causé la mort d’enfants, de près ou de loin. Profitant d’un complot qu’il sent se monter contre lui pour le faire assassiner, Ravelle se fait passer pour mort afin de mieux pouvoir endosser son rôle de justicier de l’ombre.
Vu de loin, Le Rédempteur fait furieusement penser à Largo Winch, et il y a effectivement de grosses similitudes entre les deux personnages, dans le décalage entre leur apparence et leurs motivations, ainsi que dans une enfance que l’on devine douloureuse – s’agissant ici du premier tome, le scénariste reste assez évasif sur celle-ci. Même esthétiquement, les deux séries ont de grosses ressemblances. Pourtant, Le Rédempteur se démarque de son aîné, notamment par le côté justicier/super-héros ici plus marqué, ainsi que par l’aspect sériel qui s’annonce beaucoup plus fort, au vu du « cliffhanger » clôturant ce premier épisode.
C’est d’ailleurs cette dimension-là qui fait véritablement le charme de ce qui pourrait s’avérer une série fort plaisante. On suit avec intérêt les tractations et coups-bas entre les différents protagonistes – nombreux et tous assez ambigus – qui jalonnent les aventures de ce gentleman vengeur. La galerie de personnages fonctionne, tout comme les différents rebondissements bien négociés et les scènes d’actions bien découpées.
Le Rédempteur ne révolutionnera pas le genre de la BD d’aventures et d’espionnage – on pense également à Lady S. – mais permet néanmoins de passer un agréable moment de lecture, sans tout à fait débrancher ses neurones. On ne peut malgré tout que constater que cette nouvelle série est une tentative de Dargaud de concurrencer Dupuis et plus particulièrement les franchises scénarisées par Jean Van Hamme. Le Rédempteur a en tout cas les moyens de faire un peu d’ombre à ses influences ; il en a l’efficacité quelque peu roublarde et le sens carré de la mise en page.