Belle
d’Amma Asante
Drame, Historique
Avec Gugu Mbatha-Raw, Tom Wilkinson, Sam Reid
Sorti le 3 juin 2015
Un casting peu emballant, un pitch qui ne respire pas l’originalité, une affiche qui pue les bons sentiments à deux kilomètres, difficile de rentrer en projection de film sans a priori, surtout quand celui-ci confirme chacun de nos mauvais pressentiments. Pour Belle de Amma Asante, la critique consistera donc à déterminer si il s’agit d’un bon ou d’un mauvais “nanar”.
Le récit se déroule au XVIIIème siècle, Belle est la fille illégitime d’un amiral de la Marine et d’une esclave noire. Élevée par son grand-oncle aristocrate Lord Mansfield, Belle grandit en bénéficiant des privilèges qui lui sont dûs de par son rang sans jouir d’une totale liberté en raison de sa couleur de peau. Lorsque son grand-oncle est appelé à présider à la Haute Cour d’Angleterre afin de juger une affaire qui peut changer le cours de l’histoire et abolir l’esclavage, Belle décide de s’engager auprès d’un jeune avocat pour faire la différence.
On flaire le mauvais coup dès les premières minutes du film lorsqu’on remarque que c’est un film d’époque avec effets spéciaux et que ceux-ci sont ratés. La verdure du paysage est tellement artificielle qu’elle rappelle un décor de Super Mario, le détourage du fond vert est ni fait ni à refaire et la lumière est bâclée. Le film Belle flirte dangereusement avec le kitsch, et les costumes n’arrangent rien à l’affaire.
Les costumes confirment l’absence complète de tout sens esthétique. Turquoise, vert pomme, jaune pipi, un véritable défilé des pires costumes de l’Eurovision. Belle ne fait pas dans la dentelle et aggrave le cas d’un casting déjà peu crédible.
On va pas se leurrer, on reconnaît quelques acteurs, mais ils ne sont pas inoubliables. Pour Gugu Mbatha-Raw (Belle), rien à signaler de particulier, elle tient son rôle et le minimum syndical est respecté. Certains fans de Harry Potter auront sûrement reconnu le méchant petit blondinet peroxydé (Tom Felton) dont le jeu d’acteur n’a pas vraiment évolué puisqu’il continue à serrer très fort sa mâchoire lorsqu’il est colère. On l’aura compris, la production n’a pas vraiment misé sur son casting pour rendre l’histoire attrayante, mais plutôt sur le fameux “based on a true story” (à prononcer avec une voix grave et mielleuse).
Car en effet, Belle raconte une histoire surprenante et méconnue, celle d’une femme métissée vivant avec les privilèges d’une aristocrate tout en étant contrainte de manger en cuisine avec les domestiques en raison de sa couleur de peau lors des grandes occasions. Inspiré d’une histoire vraie, Belle aurait pu être un film d’histoire, de politique, de féminisme incarné par un personnage fort et combatif mais il a malheureusement fallu qu’une romance puante vienne tout gâcher. Pourquoi l’histoire de cette femme doit forcément s’alourdir d’une histoire d’amour ? En choisissant de faire de Belle, une histoire d’amour, Amma Asante trahit le propos même de son film. En sortant du film, on a presque envie de revoir Amistad de Steven Spielberg, c’est vous dire si on reste sur notre faim.