Chaque semaine, je cherche, pour vous, un film à voir, ou ne pas voir, sur vos écrans de télévision. L’instant VHS, c’est l’opportunité de pouvoir parler de divers films qui ont un certain âge : des films cultes ou oubliés. Pour la semaine du 8 au 14 juin, nous nous sommes intéressés au premier succès de David O. Russel : Les Rois du désert (Three Kings) qui sera diffusé à 20h50, le lundi 1er juin 2015 sur France 4. Le voyage dans le temps commence…
En mars 1991, la première guerre du Golfe se finit. Les soldats font la fête et certains n’ont même jamais croisé les combats. Affecté à la gestion des prisonniers irakiens, le sergent Troy Barlow trouve une carte mystérieuse dans le fessier d’un prisonnier. Il décide de ne pas en parler à sa hiérarchie et garde la carte pour lui et les hommes les plus proches de lui. Rejoint par Archie Gates, un major qui a l’impression d’avoir été mis sur la touche, ils partent à la recherche des lieux indiqués sur la carte, persuadés que ce sont les caches des lingots d’or du Koweït, volés par Saddam Hussein. Sous couvert du cessez-le-feu, les soldats partent à l’aventure et essaient de s’enrichir avant la fin de la guerre. Tout va bien sûr, ne pas se passer comme prévu…
David O. Russel a marqué les esprits et la critique en 1994, avec le film Spanking the Monkey, racontant les relations incestueuses d’une mère et son fils. Cet essai réussi lui permet alors de s’essayer à la comédie plus populaire (Flirter avec les embrouilles), où l’on retrouve quelques acteurs connus ou en devenir (Patricia Arquette, Ben Stiller, Tea Leoni ou encore Josh Brolin). Malheureusement malgré sa fraîcheur, le film passe finalement inaperçu et c’est seulement en 1999 que David O. Russel connaîtra une première gloire grâce aux Rois du désert. La suite sera plus difficile : malgré quelques productions et une comédie, Russel n’arrive pas à faire son trou à Hollywood. Mais c’est sans compter la décennie suivante où le réalisateur se révèlera enfin au grand public avec un enchaînement de trois succès qui ont, tous, raflé des nominations ou des prix aux Oscars : Fighter, Happiness Therapy et American Bluff.
Les Rois du désert date effectivement de quelques années, mais les cinéphiles n’ont pas attendu le succès de Russel pour le considérer comme culte. Comment refuser d’adhérer à un film de guerre/aventure/comédie/drame où cette section de combat est interprétée par Georges Clooney, Mark Whalberg, Spike Jonze et Ice Cube ? Ou, pour les amateurs de films d’horreur de l’époque, de retrouver Jamie Kennedy, de la saga Scream ? Ou pour parler d’un acteur plus proche de nous, notons la présence aussi de Saïd Taghmaoui, qui a d’abord connu le succès avec La Haine.
Pour ma part, si c’est le casting et l’action qui m’ont convaincu à l’époque du film, les visions suivantes montrent bien évidemment un tout autre angle au film. Car, sous ses airs grand spectacle, cette œuvre cache bien plus de choses, dont une critique acerbe de la guerre du Golfe et des États-Unis en général. L’action et l’humour sont bien présents, mais Russel n’oublie pas que la guerre c’est dégueulasse et n’hésite pas à tuer femmes et enfants afin de montrer que les combats ne sont jamais drôles ou héroïques. Pour arriver à faire entrer le spectateur dans une réalité, Russel prend le pli de filmer de la manière la plus documentaire qu’il soit, ce qui donne une image proche de celles vues par le monde entier à la télévision.
En définitive, Les Rois du désert est un film essentiel pour son époque et reste encore aujourd’hui une production à voir à tout prix. Pour son casting. Pour son humour. Pour son histoire. Pour sa critique d’un conflit et d’un pays. Si ceci ne vous convainc pas, pas de stress à se faire, il y a toujours Esprits Criminels sur TF1, mais ce sera sûrement bien moins original !
Pour remettre l’église au milieu du village : Dans mes recherches, je me suis aperçu que beaucoup de critiques comparait ce film à M.A.S.H., qui partage, il est vrai, un humour acerbe sur l’armée et la guerre, mais De l’or pour les braves avec, entre autre, Clint Eastwood, se rapproche plus de l’histoire des Rois du désert.
Pour apprendre quelque chose d’intéressant : Mark Whalberg, ne paraît pas toujours un acteur intense. Pourtant, il met beaucoup de lui dans ses rôles. Dans Fighter, il était, par exemple, absent des nominations aux Oscars, contrairement à Christian Bale. C’est sûrement dû au fait que Mark Whalberg est souvent engagé pour son physique avantageux et non pour accomplir des métamorphoses oscarisables. Dans le cas des Rois du désert, pendant la scène où il est torturé par l’armée irakienne, l’acteur a reçu de réelles décharges électriques pour être totalement dans son rôle.
Juste pour ne pas mourir idiot : les lingots d’or que l’on voit dans le film, ne sont pas de vrais lingots d’or. Et oui, sur Wikipédia, on apprend parfois des vérités fort troublantes. Sûrement que les armes dans le film ne tiraient sûrement pas avec des balles réelles non plus.