auteur : Amy Engel
édition : Lumen
sortie : mars 2015
genre : dystopie
Cinquante ans après une guerre nucléaire ravageuse, une petite population de survivants tente de restaurer un environnement et une communauté stables. De deux familles qui se sont affrontées pour obtenir le pouvoir, les Westfall et les Lattimer, ces derniers l’ont remporté. En optant pour une dictature, ils ont instauré le mariage arrangé pour maintenir la paix fragile. Depuis trois générations déjà, à l’âge de seize ans, les représentants du clan vaincu marient ceux du clan vainqueur, lors d’une grande cérémonie. C’est le tour d’Ivy Westfall, mais contrairement à d’autres candidates, elle connait déjà le nom de son futur époux : Bishop Lattimer, le fils du président. Elle sait également que son mariage ne ressemblera en rien à celui des autres jeunes couples. Elle a une mission à accomplir : tuer Bishop et rétablir les Westfall au pouvoir. Mais tout prend un tournant imprévisible (ou justement prévisible ?) quand Ivy se découvre des sentiments pour Bishop.
Ce premier tome de la série The Book of Ivy s’inscrit dans l’irruption des dystopies pour adolescents et jeunes adultes parues en masse ces dix dernières années. Malheureusement, comparé à d’autres romans de ce genre, The Book of Ivy manque terriblement d’action et de suspense. Le plan subversif d’Ivy ne semble demander aucun effort de sa part, si ce n’est qu’un questionnement personnel et tous les évènements significatifs sont condensés dans les derniers chapitres. L’intrigue s’appuie quasi uniquement sur l’évolution de la relation romantique entre les deux jeunes mariés. Cela n’est pas dérangeant en soi, mais empêche l’énorme potentiel qu’offre ce genre des mondes post apocalyptiques d’être exploité. Malgré tout, le dénouement de cette partie introductrice laisse espérer une suite plus mouvementée.
Un autre aspect qui fait défaut est une critique sociale pertinente. Bien qu’Amy Engel s’attaque au mariage forcé et à l’émancipation de la femme dans une société patriarcale, ces sujets semblent très éloignés pour un lecteur occidental; difficile donc de s’identifier avec la cause d’Ivy. La protagoniste, elle-même, paraît assez naïve au départ, mais l’auteure réussit à rendre son évolution intéressante et crédible en l’entrelaçant avec la trame amoureuse. La progression intellectuelle et émotionnelle de son héroïne passe par la confrontation à un point de vue totalement différent du sien, celui de son mari Bishop. Leur union, teintée de rancœur entre les deux familles, est d’ailleurs la partie centrale ou du moins la plus captivante de tout le récit.
The book of Ivy est donc destiné principalement aux adolescents, amateurs des histoires romantiques. Il se lit rapidement, mais surtout parce qu’on attend avec impatience que quelque chose s’y passe. Il déçoit par rapport à d’autres dystopies, mais la fin promet quand même des séquelles plus excitantes. À lire, éventuellement, après une longue journée de travail.