Surprenante soirée aux nuits Bota, avec au menu du rock de guerre, de la soul et de l’alternatif un peu bateau.
Commençons par le moins bon: Alamo Race Track. Sur album ils sonne pas trop mal, un peu lent et pensif, mais néanmoins intéressant. On s’attend à un concert du même genre, ce qu’on a eu est nettement plus ennuyeux. Ils n’ont pas mal joué, ils ont juste oublié qu’ils étaient sur scène et que ça implique un certain entrain. Le Public est laissé sur le bord de la route, condamné à trouver son amusement au fond d’un gobelet.
Asa, chanteuse Franco-Nigérianne, pour sa part a mis une très bonne ambiance en fin de soirée dans le chapiteau. Avec un son Soul/Funk qui se prête à merveille aux Nuits Bota, et un jeu de scène très actif, elle a su maintenir l’enthousiasme de la foule pendant une bonne heure et demi.
Ce qui est dommage c’est la musique, en soi est un peu décevante. Les compositions reposent trop sur une voix certes engageante, mais qui prend trop la vedette sans jamais laisser le reste du groupe avoir son petit moment de gloire. Les musiciens composent d’excellents riffs qui sont complètement ignorés pour laisser place à la voix. Ce genre de style peut marcher, mais il faut que chaque chanson soit bien distincte des autres, que la voix, qui prend place centrale, soit à la hauteur. A voir en concert plutôt qu’à écouter sur album.
La grosse surprise, la palme de la performance d’exception, Talisco la remporte haut la main. Petit groupe Français composé de trois membres, ils sont assez atypiques: Deux batteries, chacune dotée de son sample pad, le chanteur-guitariste, et un des batteurs qui sort parfois une basse. Les morceaux sont emmenées par un beat assez lourd et puissant, la guitare rajoute une couche soit en contrepoint soit en appui et la voix vient se poser comme une fleur sur des compositions fortes et efficaces.
Sur album, ils sonnent comme un mélange de Woodkid et Imagine Dragons, de gracieuse balades martelées avec soin, de délicieuses aventures auditives, à l’optimisme contagieux. En concert ils mettent la puissance au carré, le public s’emballe, surpris de la qualité du concert d’ouverture et le chanteur nous nargue d’un petit sourire: “on ne fait que commencer”.
Les chansons s’enchaînent sans efforts: le public est sous le charme, le chanteur nous tient dans la paume de sa main et se joue de nos attentes: il transcende ses morceaux et nous rend complice de la performance. Il passe allègrement d’un genre à l’autre et se pavane dans les cris du public, prenant un plaisir évident dans la performance.
Toutes les bonnes choses ont une fin, et le chanteur annonce qu’ils vont jouer leur dernier morceau… (ooooh), mais qu’ils ont gardé le meilleur pour la fin! (aaaaah). Ils avaient raison; la chanson atteint des sommets, la foule, en délire, hurle et demande un rappel. Le guitariste s’installe au tout devant de la scène et répète un accord, simple, rythmé.
Le public comprend et applaudit sur le même rythme, pendant une dizaine de seconde le temps est suspendu dans un accord parfait entre un artiste et son public: jusqu’à ce que les batteurs se jettent un regard furtif, haussent les épaules et prennent place à leur instruments. Et voilà comment démarre le rappel le mieux amené: il continuera avec les deux batteurs qui s’improvisent un duel, pendant que le chanteur fait exploser le public dans la ferveur.
Le concert rêvé, parfaitement exécuté, surprenant de qualité à tous les niveaux.