On connait ses tubes (Manureva, Clara veut la lune, Géant, Chasseur d’ivoire …), sa voix et son style pop toujours aussi pimpant. A 66 ans, Alain Chamfort revient avec un nouvel album éponyme sorti cette fois chez Pias. Et oui, après avoir fait le tour de presque toutes les maisons de disques, voici que celui qui, autrefois, enchainait les succès pose ses valises chez un autre label.
Il faut dire que depuis l’Age d’Or de la pop, les temps ont changé et la vie d’artiste est bien plus cruelle que d’antan. Alain en a bien fait les frais et a bien dû faire avec les miettes de sa gloire passée. Aujourd’hui, plus que jamais, lorsqu’elles estiment ne plus pouvoir tirer assez profit, les majors traitent leurs talents avec dédain et ne laissent aucune chance aux légendes de revenir.
Mais Alain Chamfort est un battant. Il a encore l’envie de faire de la musique et se produire sur scène pour ses vrais fans. Et au fond, pourquoi pas ?
Voici donc ce nouvel album fait en collaboration avec Jacques Duvall, son éternel ami et parolier. Pour la réalisation et les arrangements, Alain à, cette fois, fait appel à Frédéric Lo qui avait œuvré auparavant pour Daniel Darc ou encore Stephan Eicher.
Le disque commence légèrement avec Deux poignards bleus, un titre en mid-tempo un peu groovy dans lequel Alain nous parle d’une tigresse aux yeux bleu qui se déhanche et l’attire dans ses griffes. Une mise en bouche somme toute assez intrigante.
On a envie de découvrir davantage l’opus avec Ensemble, un titre qui parle d’un couple usé qui fonctionne mais où l’amour a disparu. Duvall signe encore un texte plein de finesse (comme l’utilisation du mot «ensemble» qui donne «semblant» en verlant).
Mais où est cette pop caractéristique à laquelle Alain Chamfort nous avait habitué ? Et bien elle arrive sur le troisième morceau, L’Amour n’est pas un sport individuel. On y retrouve une guitare funky très sympa et des arrangements tout en finesse. On sent beaucoup de travail pour apporter des nuances intéressantes tout au long du morceau.
Mais les fans de la période Manureva tomberont certainement plus sous le charme de Joy, le titre pop par excellence de l’album qui en fera danser plus d’un.
Argentine est plus un titre un peu tampon. Certes, le texte faisant des jeux de mots sur les pays est amusant, mais sans grand intérêt.
Est-ce l’âge avancé qui inspire le monsieur ? Toujours est-il qu’Alain nous sert également un titre sur la mort : On meurt. Là où l’on pourrait penser tomber sur un morceau qui va plomber l’ambiance, Chamfort nous surprend en prenant le contre-pied avec une chanson guillerette. Jamais je t’aime est plutôt ce titre qui plombera l’ambiance. Mais bon, il suffit de passer à Puis-je vous offrir ? pour retrouver le sourire. Sarcastique et impertinent, le texte a de quoi faire grincer des dents les dames en mal de romantisme.
Charlotte Rampling accompagne Chamfort sur Où es-tu ? Le seul soucis avec les actrices, c’est que soit elles nous font une démonstration douteuse de chant lyrique (comme Arielle Dombasle), soit elles ne chantent pas mais récitent un script. Ici, on est dans la seconde catégorie. Et donc, cela manque de charme.
On termine avec Le diable est une blonde, une chanson touchante comme ce petit diable a l’art d’en interpréter.
Au final, Alain Chamfort nous offre un disque sans prétention et humble à l’image de son titre. Vous aurez tout simplement du Alain Chamfort, ni plus, ni moins. Et, à l’inverse de beaucoup d’artistes sans personnalité qui changeaient de style comme de cravate d’un album à l’autre selon la mode du moment, Alain Chamfort a su s’entourer des bonnes personnes pour donner le meilleur de lui-même. Certes, ce disque n’est pas une révolution, mais il ne sera certainement pas un déception.