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    Le taureau de Phalaris de Gabriel Matzneff

    Le taureau de Phalaris

    auteur : Gabriel Matzneff
    édition : La Table Ronde
    sortie : novembre 1994 / réédité en 2015
    genre : dictionnaire philosophique

    Gabriel Matzneff est un écrivain philosophe français qui nous propose son propre dictionnaire philosophique. Comme il le dit lui-même dans sa préface, pour lui qui éprouve une certaine passion pour les dicos, il était normal qu’il écrive le sien.

    En fait de dictionnaire, Le taureau de Phalaris  se lit plutôt comme un recueil de pensées classées par ordre alphabétique d’Absolu à Zénith. Il s’agit donc d’une réflexion qui couvre 239 mots choisis donnant l’impulsion à l’écrivain pour créer cette œuvre.

    Ses pensées tournent toujours autour de deux thèmes bien spécifiques autant paradoxaux que contradictoires une sorte d’apologie du suicide autant qu’un hymne à la religion chrétienne. Ce n’est pas un livre qui se dévore en une nuit : il faut du temps pour digérer et méditer des paroles fortes et sans concessions. Ce n’est pas un ouvrage qui est destiné à un public très large. En effet, il faut avoir un peu d’expérience et de connaissances en latin mais également au niveau des philosophes et autres théologues de l’Antiquité gréco-romaine tant les citations latines sont légion (et en général non traduites) et si des auteurs tels que Nietzsche, Kant, Dostoïevski ou encore Marc Aurèle nous sont familiers, il n’en va pas de même pour Florenski, Walter Schubart et autres saint Grégoire de Nysse ou évêque Méliton de Sardes pour ne citer que ceux-là et qui nous sont parfaitement inconnus.

    Il faut toutefois avouer que les connaissances de Gabriel Matzneff sont extrêmement poussées et que rien n’est écrit par hasard. Chaque « définition » a été soigneusement développée même si l’on regrette que certaines semblent ne pas avoir de conclusion, comme si la pensée était restée suspendue dans un questionnement qui n’aura pas de fin. Même si nombre des thèmes abordés sont des sujets directs à polémique, il faut saluer le courage de ce philosophe qui contre les manières des gens « biens pensants » ose faire entendre sa voix. C’est ce qu’il y a de bien avec la philosophie, les pensées, même si elles peuvent nous sembler interpellantes, n’en reste pas moins que des pensées. Que l’on veuille y adhérer ou non, chacun est libre de ce choix. En tout cas, le pari est réussi, Gabriel Matzneff évoquait son goût pour le soufre, et c’est exactement ce goût âcre qui nous reste en bouche à la fin de la lecture.

    Daphné Troniseck
    Daphné Troniseck
    Journaliste du Suricate Magazine

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