Babysitting
de Nicolas Benamou et Philippe Lacheau
Comédie
Avec Philippe Lacheau, Alice David, Vincent Desagnat, Gérard Jugnot
Sorti le 16 avril 2014
Franck est réceptionniste dans une maison d’édition prestigieuse. Dessinateur amateur, celui-ci rêve depuis quelques temps de montrer ses croquis à son patron, Monsieur Schaudel. Mais le président n’est pas disposé à l’entendre, condescendant de nature et trop occupé à régler ses propres problèmes. Pourtant, ce dernier va faire appel à Franck pour garder son fils Rémy, garçon turbulent. En échange, Franck pourra montrer ses planches dès la semaine qui suit. Seulement, tout ne va pas se passer comme prévu.
Babysitting est la première réalisation cinématographique de Philippe Lacheau et la seconde de Nicolas Benamou (De l’huile sur le feu). Récemment primé à deux reprises à l’Alpe d’Huez (prix du jury et prix du public), ce long métrage nous intriguait. Une attente à double visage puisque nous étions d’une part curieux d’apercevoir la Bande à Fifi à l’écran et d’autre part, prudents face à un scénario ressemblant à tant d’autres. Au final, nous avons été agréablement surpris.
La Bande à Fifi ne vous dit peut-être rien, et c’est tout à fait normal. Composée, entre autres, de Philippe Lacheau, Tarek Boudali et Julien Arruti (tous les trois présents au casting), cette joyeuse bande a égayé le Grand Journal de Canal + en France, puis le Chut, chut, chut sur W9, deux chaînes de télévision que nous ne captons pas en Belgique.
Un passif imitant d’autres troupes d’humoristes comme celle des Robin des Bois ou encore celle du Morning Live de Mickaël Youn. Cette dernière référence n’est pas dénuée de toute connotation puisque force est de constater que Babysitting reprend les codes d’un certain Les 11 commandements mixés à la trame de Projet X.
C’est un fait, Babysitting n’est pas novateur dans le genre comédie décalée filmée en found footage. Les frasques successives, que l’on aperçoit a posteriori sur une vidéo retraçant la nuit interminable de Franck et consorts, sont directement inspirées des films précités. Pourtant, cela fonctionne et de manière admirable car l’humour omniprésent a tôt fait de nous dérider et de gommer dans notre esprit les inconvénients de ce long métrage.
Et pour cause, la réalisation a bien travaillé nous offrant une comédie déjantée sans limite. De plus, même si celle-ci ressemble à s’y méprendre à Projet X de Nima Nourizadeh, elle n’en est pas moins plus qualitative. Eludant volontairement le côté dramatique de la situation, le récit se laisse suivre agréablement même si il peine à démarrer.
Les acteurs ne sont pas en reste puisqu’ils apportent une vague de fraîcheur dans la comédie française, trop calfeutrée à des comédiens ayant pourtant fait leur temps. Philippe Lacheau y est à l’aise et arrive à tenir l’histoire sur son seul personnage. Gérard Jugnot, en vieux de la vieille dans ce film, ne déçoit pas non plus, bien au contraire. L’excellent coup de poker reste cependant Tarek Boudali, véritable révélation de ce film.
En résumé, Babysitting nous a dérouillé les zygomatiques et les glandes lacrymales. Même si la réalisation souffre de quelques errances, Babysitting est une réussite drolatique à apprécier à sa juste valeur. Nul besoin d’aller voir ce film pour y chercher une quelconque morale sous-jacente ou une image parfaite, ce long métrage est avant tout un divertissement total, astucieux et provoquant.