Encore une fois la grande salle où on est mal installé n’a pas répondu aux attentes d’un minimum de qualité. Il est de bon ton cette année d’axer souvent ces choix vers la petite salle qui, elle, est confortable mais qui surtout nous livre son lot de pépites quotidiennes ! Petite démonstration.
CINE 1
Vous aimez l’humour bon enfant un peu lourd ?
C’est pourtant le centre moelleux de Lupin III. L’histoire est centrée sur Arsène Lupin (troisième du nom), le petit fils du célèbre cambrioleur Français. C’est un peu tiré par les cheveux et si vous ne croyez pas celle-là, ils vous en racontent une autre. Le film suit la structure globale de tous les films de cambriolage ; notre héros et son équipe vole une babiole qui s’avère être la porte d’entrée vers un monde d’intrigues et de coups bas en tout genres. Une petite trahison donne à nos braves une raison de se venger, et c’est parti pour deux heures d’ennui. Dans les films de cambriolages bien faits, on passe un certain temps à contempler l’impossibilité de la tâche de nos héros. Plus la tâche est difficile, plus la victoire est savoureuse, et plus on apprécie leur intelligence. Pas dans Lupin III.
On nous sort quelques effets spéciaux pour bien nous montrer que tout ça implique de la haute technologie et puis basta : moins on réfléchit, plus on apprécie. La vraie faute du film est de se vautrer dans son kitsch, sans jamais vraiment en sortir le nez. Les gentils se jouent des vilains avec une facilité déconcertante, Lupin éclate la tronche de trente méchants d’un seul coup de poing sans même froisser sa cravate, bref on enchaîne les clichés trop faciles. C’est vite lourd. L’humour passe mal, et on a vite envie de voir le héros s’en prendre une bonne dans la gueule, pour qu’il la ferme cinq minutes.
C’est un peu l’Ocean’s Eleven du pauvre. La même idée, les même personnages, la même intrigue mais trois crans en dessous.
Frankenstein
L’idée de retranscrire l’histoire de Mary Shelley à notre société moderne était plus que brillante. L’histoire, sur le papier, suscitait la curiosité et intriguait bon nombre de personnes dans la salle.
Si Bernard Rose n’a pas chanté (énervant les BIFFFeurs les plus conservateurs), il n’a pas non plus réussi à nous charmer. Le problème majeur de l’œuvre étant son cadrage, sa mise en scène aussi. L’image tremble, tressaute, nous donne la nausée. Les plans s’enchainent avec une rapidité surprenante empêchant le spectateur de se poser. Bien que Danny Huston impressionne par son interprétation du monstre et que le maquillage vienne parfaire l’image du monstre incompris, la bête ne convainc pas.
Très inspiré par le roman original, Bernard Rose n’arrive cependant pas à transposer le génie de Mary Shelley à notre société contemporaine. Se perdant dans des scènes trop longues et des dialogues vides.
Outre Danny Huston, aucun autre acteur n’arrive réellement à se démarquer. On finit par tourner en rond, par se sentir mal (non non, l’image n’arrive toujours pas à se fixer) et à sourire devant certaines scènes qui souffrent cruellement du manque de budget offrant dès lors un caractère très kitsch, surtout pour le final.
Monsterz
Imaginez avoir le pouvoir de contrôler n’importe qui, juste en le regardant. Vous pouvez même contrôler plusieurs personnes d’un coup, et leur faire faire tout ce qui vous passe par la tête. Le nombre de blagues possibles est astronomique. Vous pourriez passer une journée entière à Roland Garros sans vous faire chier.
Le pouvoir en question est donné au vilain de Monsterz, qui pour sa part préfère le crime de bas étage. Quel manque d’imagination. Notre héros quant à lui, est incontrôlable par le méchant et a le pouvoir de guérir super vite. Le reste du film n’est qu’une longue série de bavardages stériles, de moments aberrants, et d’action sans intérêt. Prenez la devise du héros qui nous est répétée une bonne douzaine de fois: « Quel est le but de la vie ? De vivre jusqu’à la mort ! » Oui, c’est mignon, enfin un peu, mais faut-il vraiment la ressortir toutes les cinq minutes ? Entre les bavardages incessants, le film prend bien le temps de traîner ; sur la fin, le film devient interminable. Le héros n’a même pas le droit à un bisou. Si au moins les personnages avait de la personnalité. Pourquoi il est méchant le vilain ? Parce que… Sauf que c’est sensé être une blague. C’est tellement nul que ça laisse indifférent. On a juste envie de passer à autre chose.
CINE 2
No tears for the Dead
Du réalisateur Coréen Lee Jeong-Beom, No tears for the Dead est un solide thriller de gangsters plein de sentiments plus nobles les uns que les autres. On suit le personnage de Gon, membre un peu freelance d’un groupe de crapules, qui au cours de sa dernière mission commet l’irréparable : il tue un fillette innocente. PAF ! Au cours de cette mission, il tue aussi un comptable mouillé jusqu’au cou dans une affaire de magouille financière. Par contre, avant de rendre l’âme, celui-ci avait envoyé des informations bancaires à certains de ses collègues, dont la mère de la fillette. La nouvelle mission du héros : récupérer les informations et tuer la mère.
Voilà pour les cinq premières minutes. Malheureusement, le film se perd un peu dans des tangentes au cours de l’heure suivante, avant de revenir en force dans la dernière demi-heure. Le scénario est peu évident. Après trois minutes, on a compris que notre héros va finir par protéger l’objet de sa mission afin d’atténuer sa culpabilité. Ce qui rend la première heure intéressante est le personnage de la mère, qu’on découvre à travers le héros. On découvre une femme rendue fragile par la mort de son mari et de sa fille. On s’immerge dans son monde, ses doutes personnels, et ses sentiments ambivalents envers sa fille.
La dernière demi-heure est à peu près un bain de sang continu.
Le total donne un film très réussi quoiqu’un peu cliché dans son arc principal. Le personnage du héros est révélé par certains artifices assez bien trouvés, il en va de même pour la mère. Le réalisateur préfère développer ses personnages soigneusement que de les rendre originaux. L’intrigue, de son côté, souffre un peu d’être devinée si tôt : certains rebondissements restent des surprises, cependant quand l’audience prédit la fin d’un film dans les dix premières minutes, c’est difficile de maintenir le suspens. Le film n’est jamais ennuyeux, par contre il ne passe jamais vraiment dans le territoire du franchement cool. Il reste un peu trop dans le déjà vu.
Quand Wallace et Gromit rencontrent la 5e dimension
Fantasticherie di un passeggiatore solitario. Rien que le nom de ce film nécessite une boîte d’aspirines pour calmer la migraine qui s’ensuit. Heureusement, le film lui-même n’est pas du même tonneau. En effet, ce Fantasticherie nous fait voyager entre univers animé en patte à modeler, l’histoire fantastique (ou délirante) d’un poète fou et le récit d’un jeune homme en quête d’évasion. Au sein de cet univers fantasmagorique, les personnages vont tous tenter d’échapper à leur quotidien, à leur morne réalité, par le biais de la littérature et du monde qui y est inscrit.
Presque tout est convaincant dans ce long-métrage, de la performance des acteurs à l’animation, très bien réalisée, en passant par un scénario compliqué mais néanmoins accessible. Alors oui, on ne verra sûrement pas deux films comme Fantasticherie au BIFFF, et c’est tant mieux ! La beauté de ce film vient aussi de son côté unique. E Viva Italia !
Tu l’as vue ma lune ?
Chouette, un film de loups-garous ! C’est toujours ce que l’on se dit avant d’entrer dans la salle pour voir une de ces bestioles poilues et barbares déchiqueter quelques innocents. Au final, le film de loup-garou déçoit souvent, ce Blood Moon n’a pas fait exception à la règle. Au programme, un western loup-garou tourné à 20 km de Londres (selon l’aveu du réalisateur même), des sorciers Indiens vraiment pas gentils qui se transforment en loups-garous et une bande bigarrée de joyeux lurons en pâture à une grosse bête pas vraiment efficace. Car oui, on ne peut pas vraiment dire que ce loup-garou là remportera le prix de l’efficacité. À son actif, seulement trois morts sur tout le film, c’est peu. Mis à part cela, le film nous propose beaucoup trop peu d’action à se mettre sous les crocs. Les rares fois où le loup-garou apparaît, on peut admirer des scènes dans lesquelles il se fait tirer dessus à la place des litres d’hémoglobine auxquelles on pourrait s’attendre.
Finalement, on se sera bien amusé à hurler sous la lune (AHOUUUUUUUUUUU), à voir la performance d’acteur d’un des méchants (« Si ce plan marche, je mange ma tête ! »), mais ce Blood Moon laisse tout de même un énorme goût de trop peu, surtout au vu de l’intrigue qui était mise en place et qui était intéressante. Le film étant à petit budget, on peut le lui pardonner aisément mais qu’on ne nous resserve pas la même soupe pour Blood Moon 2 et Blood Moon le retour !