auteur : Sarah Vaughan
édition : Préludes
sortie : avril 2015
genre : roman gastronomique
« Il existe de nombreuses raisons de cuisiner : pour nourrir, pour inventer, pour impressionner, pour atteindre une forme de perfection… Mais aussi pour répondre à une simple faim : celle d’aimer et d’être aimé ». Kathleen Eaden, L’Art de la pâtisserie, 1966. C’est sur les bonnes paroles d’un personnage qui aurait pu être réel, que s’ouvre le premier roman gastronomique qui mêle télé-réalité et pâtisserie saupoudrées de valeurs qui si elles évoquent un autre temps, se doivent de rester essentielles : le partage et la joie de faire plaisir et de se faire plaisir par la nourriture.
Le concours « A la recherche de la nouvelle Kathleen Eaden » est lancé. Cinq candidats triés sur le volet se retrouvent au centre d’une compétition culinaire qui durera trois mois. Karen qui cache les démons de son passé derrière une attitude provocante a un secret bien plus lourd à cacher ; Mike le veuf qui ne sait pas très bien au juste pourquoi il participe à ce concours ; Claire la mère célibataire qui veut se prouver des choses à elle-même ; Jenny mère de famille dont le mariage se délite mais qui rêve de changer de vie et Vicky jeune maman qui cherche toujours son chemin partagée entre son envie d’avoir un second enfant et reprendre son travail d’institutrice. Tous ces personnages ont chacun une personnalité très différente et bien définie mais ils ont cependant en commun un amour inconditionnel pour la pâtisserie que ce soit dans le but de se dépasser, de donner du plaisir aux gens ou simplement d’exister. Avec pour modèle Kathleen Eaden, la papesse de la pâtisserie britannique des années 1960 en toile de fond, chaque participant en découvrira plus sur lui-même en confectionnant des gâteaux tout en ayant un dialogue intérieur avec leur modèle que l’on retrouve dans le roman : l’histoire de Kathleen Eaden croisée avec celle des candidats, chaque partie mise en relation avec un épisode de sa vie nourrissant la suivante, faisant de même avancer les personnages dans leur existence personnelle.
La cuisine est un art qui existe depuis la nuit des temps mais que l’on n’a plus l’envie de faire parce que l’on en a plus le temps. Mais qui ne se souvient pas des délicieuses tartes de nos grands-mères, en passant par les cakes et les biscuits jusqu’aux véritables entremets que même le meilleur cuisinier amateur en sue rien qu’à voir la liste d’ingrédients et d’heures de préparation ? Ces délices de notre enfance se perdent car plus personne sauf quelques irréductibles épicuriens amoureux de la bonne bouffe ne s’y attelle. On pourrait encore longtemps discutailler le bout de gras sur l’importance de faire la cuisine plutôt que de se nourrir de ces infâmes plats préparés mais le vrai message est que la cuisine est le fruit du partage. Autour d’une bonne tasse de thé fumante avec quelques biscuits ou lors d’un repas de fête avec nourriture en abondance les langues se délient, les âmes se dévoilent, les ceintures se débouclent et la bonne humeur s’installe.
La meilleure d’entre nous de Sarah Vaughan est un roman bien écrit et bien construit avec des personnages circonscrits aux caractères définis bien que l’on soit un peu perdu dans cette multitude de rôles au départ. Mais l’idée de mêler la pâtisserie à des récits de vie, en faire plus que le fil rouge, la base et la trame du roman était une idée intéressante mais qui semblait difficilement réalisable. Pourtant, force est de constater que le pari est gagné. Plus qu’un roman gastronomique c’est une ode à la pâtisserie et à son don pour réunir les gens et apaiser les cœurs. Un livre qu’on a envie de dévorer et terriblement addictif !