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    Dernier meurtre avant la fin du monde de Ben H. Winters

    Dernier meurtre avant la fin du monde

    auteur : Ben H. Winters 
    édition : Super 8 
    sortie : mars 2015 
    genre : polar 

    Henry Palace est inspecteur depuis une petite année. Mais voilà, le monde a vite découvert sa date de péremption puisque Maïa, un astéroïde de plus de 6 km de diamètre viendra bientôt percuter la terre. Dans ce chaos pré-apocalyptique, le monde perd la tête et le taux de suicides monte en flèche. Quand Henry Palace est appelé pour constater un suicide par pendaison dans les toilettes d’un McDo, il privilégie la thèse du meurtre. Mais qui a bien pu avoir cette drôle d’idée de commettre le dernier meurtre avant la fin du monde?

    Alors que le cinéma nous offrait Melancholia de Lars Von Trier ou la télévision The Walking Dead, Ben H Winters nous concoctait avec Dernier meurtre avant la fin du monde, sa propre version d’un mode qui court à sa perte. C’est que l’année 2012, année de parution du roman dans sa version originale, s’était emparée du sujet avec une frénésie exceptionnelle. Mais ce premier opus d’une trilogie annoncée tient-il ses promesses et est-il prometteur?

    L’intrigue met beaucoup de temps à démarrer, ce qui révèle un des principaux problèmes du livre: sa ténuité. En effet, la trame est assez légère et laisse, comme c’est le cas dans le genre du roman noir, la place à une voix à la première personne forte qui installe une subjectivité introspective: le personnage principal agit mais perçoit également et expérimente le monde, d’où la présence de relations avec notamment des personnages féminins très importants.

    Ici, l’auteur favorise la description d’une ambiance, d’une atmosphère, d’une idée philosophique: que faire quand il n’y a plus rien à faire, quand il n’y a plus de mobile? Pourquoi continuer à tuer si la mort est d’ores et déjà programmée? Cette exploration humaine constitue l’aspect le plus intéressant du roman et on attend les prochains opus pour voir comment l’ambiance de ce monde en perdition évoluera.

    Un autre problème du roman vient de son personnage principal qui manque de rugosité. Il est complètement absorbé par l’accomplissement de son devoir et adopte trop la posture d’un gentil héros sans dépasser le stade du manichéisme primaire, ce qui se révèle quelque peu ennuyeux et nous empêche d’avoir un attrait pour ce personnage. Il finit d’ailleurs par paraître naïf et préfigure un final moralisateur.

    Finalement, si le roman semble être très intéressant dans sa version originale, la traduction ne parvient pas à transmettre la jouissance que la prose anglaise apporte aux romans noirs. La langue et l’expression étant deux éléments cruciaux du genre, la traduction se révèle donc être un handicap pour la lecture.

    Si on ne peut pas reprocher à l’éditeur un flair pour cette histoire prometteuse, on ne peut que regretter l’adaptation française. Néanmoins, le talent de Winters pour créer des atmosphères et scruter l’âme humaine vous donnera certainement envie de poursuivre la trilogie.

    Mathieu Pereira
    Mathieu Pereira
    Journaliste

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