Boychoir
de François Girard
Drame
Avec Garrett Wareing, Dustin Hoffman, Kathy Bates, Josh Lucas, Kevin McHale
Sorti le 8 avril 2015
Plus de dix ans après ses deux films acclamés par les critiques et par les mélomanes (Thirty Two Short Films About Glenn Gould et Le violon rouge), François Girard se laisse de nouveau séduire par la beauté de la musique.
Cette fois, il s’aventure dans le monde des chorales avec Stet (Garrett Wareing), un garçon de 11 ans turbulent, doté d’une voix extraordinaire. À la mort de sa mère, le père du garçon, un riche businessman du Manhattan, apparait soudain et cherche désespérément un moyen de garder secret l’existence de son fils adultérin. Sur le conseil de la directrice de l’école de Stet, qui voit en lui un prodige musical, il l’inscrit dans la prestigieuse National Boychoir Academy. La chorale de cette institution est dirigée par Monsieur Carvelle (Dustin Hoffman), un professeur exigeant et sévère qui pousse le garçon dans la découverte de son incroyable don. Mais pour pouvoir perfectionner ce talent, Stet va devoir s’adapter aux règles du jeu et trouver sa place dans cet univers inconnu.
François Girard, qui a beaucoup travaillé pour l’opéra, connait bien sa matière. En effet, Boychoir donne un vrai plaisir musical au spectateur. Les jeunes acteurs et l’American Boy Choir, qui a collaboré à la production, nous font découvrir un répertoire varié et intéressant et personne ne reste indifférent face à leurs voix angéliques et les émotions que celles-ci portent.
Pour son premier long-métrage, Garrett Wareing a donc non seulement dû apprendre à chanter, mais se voit également confier la tâche difficile de jouer aux côtés des grands noms du cinéma. Le casting est effectivement remarquable avec, en plus de Dustin Hoffman, Kathy Bates dans le rôle de la chaleureuse présidente de l’Académie, Eddie Izzard, le professeur qui convoite la place de Carvelle et Debra Winger, une directrice bienveillante. Mais le jeune acteur se débrouille plutôt bien. Un nouveau talent à suivre de près.
Malheureusement le film souffre de la comparaison avec Les Choristes et Whiplash, surtout en ce qui concerne le personnage d’Hoffman qui en sort un peu pâle (est-ce sa manière de laisser plus de place à Wareing ?). Au niveau du scénario également, la suite d’évènements qui conduit Stet à l’Académie est assez invraisemblable et même naïve. Le garçon qui vivait depuis toujours dans des conditions difficiles avec sa mère alcoolique, voit son père très riche, arriver d’un coup et décider d’investir dans sa carrière musicale (on peut se demander d’ailleurs où était tout cet argent jusque-là ?). Mais en vérité, cela importe peu, car l’intrigue démarre réellement au moment où le jeune intègre l’école et commence son périple pour se retrouver dans une société totalement étrangère à tout ce qu’il a connu jusque-là.
Le don vocal d’un soprano pur n’est accordé aux garçons que pour une très courte période du temps, mais on comprend vite qu’elle est suffisamment longue pour pouvoir changer une vie. Au fur et à mesure de sa progression musicale, on voit Stet mûrir et d’un gamin désintéressé et tumultueux devenir un jeune homme déterminé. Nous assistons à un moment important d’une vie ; à la limite entre l’innocence, la pureté et l’éveil de conscience perturbant et complexe. Et toutes ces sensations sont transmises non seulement à travers l’histoire du protagoniste, mais aussi, et surtout, par la voie de la musique tantôt portée au premier plan, tantôt intégrée dans le fond.
Même si on s’y attend, le récit termine avec un happy-end. le grand avantage du film c’est qu’il évite de tomber dans le sentimentalisme. La tentation est pourtant grande avec le parcours douloureux de Stet, mais le réalisateur se concentre surtout sur son évolution. À travers cette brève expérience musicale, Boychoir donne une belle leçon de vie, celle qui rappelle son caractère éphémère et qui invite à en tirer le maximum.