De Jose Sanchis Sinisterra, adaptation française d’Angeles Munoz, mise en scène de Carlo Boso, avec Guy Pion, Béatrix Ferauge
Du 11 mars au 16 mai 2015 à 20h30 au Théâtre Le Public
Ay Carmela c’est tout d’abord une pièce écrite en 1986 par José Sanchis Sinisterra et un film de Carlos Saura. C’est aujourd’hui aussi, une pièce présentée au public par Carlo Boso et ses deux acteurs, Guy Pion et Béatrix Ferauge (Le Théâtre de l’Eveil).Mais Ay Carmela c’est surtout un hymne populaire de la guerre d’indépendance contre Napoléon et par la suite, l’hymne des soldats républicains pendant la guerre civile espagnole.
C’est d’ailleurs à la fin de cette guerre civile, dans une salle de théâtre de Belchite (ville qui a été complètement détruit et laissée en état par Franco pour montrer en exemple les excès des républicains pendant la guerre) que l’on se retrouve. Sur scène, Carmela et Paulino, deux artistes ambulants capturés par les troupes franquistes et sommés de joueur un spectacle pour les huiles nazies, fascistes et les officiers de Franco. Des prisonniers de la Brigade Internationale, bientôt exécutés, y assistent aussi. Faut-il jouer ? Comment préserver son intégrité d’artiste dans ces conditions ? Si Paulino veut tout faire pour que le spectacle ait lieu, Carmela est, elle, imprévisible.
Même si la trame historique est importante, le principal atout de cette pièce est bien sûr le dilemme de l’artiste qui hésite entre la vie et l’importance de leur art pour lutter contre la tyrannie. Pour y arriver, on alterne les souvenirs d’un Paulino qui a sombré après la tragédie et les reconstitutions de ce qu’il s’est passé pendant ce funeste spectacle. Moments de grâces, d’humour et d’absurdités amènent le public au souffle épique final tant attendu : Carmela vêtue du drapeau républicain, le sein à l’air, prête à mourir pour la patrie, chantant la fameuse chanson. C’est à ce moment que le bât blesse dans la pièce. Le souffle épique attendu tout au long du spectacle a raté, la scène trop courte, la chanson à peine effleurée (chantée avec moins d’intensité que la première fois au milieu du spectacle) cause un sentiment de frustration pour une pièce jusque-là impeccable.
En définitive, Ay Carmela est à voir pour son duo de comédiens complices. Les soldats ne sont pas dans la salle au sens littéral mais les comédiens nous amènent pourtant à frémir avec eux ; à ressentir leur présence hostile. De plus, la réflexion sur la responsabilité de l’art est importante à l’heure actuelle.