The Voices
de Marjane Satrapi
Comédie, Thriller
Avec Ryan Reynolds, Gemma Arterton, Anna Kendrick, Jacki Weaver, Ella Smith
Sorti le 11 mars 2015
« Un nouveau film de Marjane Satrapi… mais qui n’a rien à voir » (Phrase d’introduction de la bande-annonce du précédent film de Satrapi, La bande des jotas). Si comme beaucoup de gens vous connaissiez la réalisatrice iranienne grâce à Persépolis ou Poulet aux prunes, vous risquez d’être surpris par sa dernière œuvre destinée à la scène internationale.
Jerry est un benêt amoureux de Fiona, la comptable de l’usine de baignoires où il travaille. Le soir, il confie ses états d’âmes à Bosco, son chien, et à Mr. Whiskers, son diabolique félin qui le pousse à l’homicide.
Ce nouveau film de Maria Satrapi risque de diviser et beaucoup n’accrocheront pas. Mais heureux qui comme certains aiment les films absurdes. Au menu : une purée de genres relevée au « WTF ?! ». Entre les couleurs acidulées et les giclées de sang sur le plan de travail et les rideaux s’intercalent un peu de suspense et beaucoup d’humour noir. Çà et là surgissent même quelques déjà-vus de slasher bon marché et d’imagerie Disney.
Le play-boy Ryan Reynolds (Green Lantern, Buried) est à contre-emploi dans ce personnage aux bras ballants doté d’un goût déplorable pour les vestes orange. Lorsqu’il devient un tueur en série à l’insu de son plein gré et sous le nez de sa thérapeute bien intentionnée mais inefficace, notre empathie n’est pas entamée. Nous continuons de suivre ses péripéties avec un regard mi moqueur mi ému par sa naïveté et sa fragilité. Car même si Jerry est un être confus sur lequel pèse une enfance atroce, Satrapi prend tout son film avec des pincettes ironiques.
De bout en bout, Reynolds maintient une attitude de pince-sans-rire dans un rôle… à plusieurs personnages ! Entre autres voix, il assure en effet celles du gentil Bosco et de Mr. Whiskers à l’accent écossais et aux propos vulgaires. Sous couvert de se disputer la conscience de Jerry plus malléable que de la plasticine, les deux animaux incarnent le combat du bien et du mal, mais aussi l’antagonisme entre l’amour inconditionnel du chien et l’intérêt conditionné du chat. D’ailleurs la proximité avec ce dernier aura été une épreuve pour Reynolds qui n’est pas, en jargon anglophone, « a cat person ». Le Canadien était absent de la plupart des scènes où jouait son partenaire moustachu à l’exception de celle où il a dû le prendre dans les bras et qui s’est soldée par un avant-bras griffé. On ne manque pas impunément de délicatesse à un félin !
Autour de Jerry, l’équipe féminine papillonne des cils et souffle un vent de légèreté. Gemma Arterton (Gemma Bovary, Tamara Drewe) ne surprend pas mais confirme son sex-appeal sous les traits de Fiona, une bombe british exilée aux States qui « garde la tête froide ». À ses côtés, Anna Kendrick (The Hit Girls, Twilight), que nous sommes en passe de voire partout en 2015, fait la mijaurée et se pâme devant Jerry sans réaliser que le mystère cache un danger.
Si vous décidez de vous lancer pour The Voices, nous vous souhaitons un agréable moment barré. Cependant, dans l’éventualité où vous vous découvririez appartenir à la catégorie des spectateurs hermétiques à ce délire, sachez qu’il restera toujours le générique de fin, Sing a happy song des O’Jays, pour vous filer la patate. Entendez-vous ces voix ? « Music’s good for your soul. It can bring a real good feelin’… ».