Vertigeo, entre espoir et noirceur

Scénario :  Lloyd Chéry & Emmanuel Delporte
Dessin : Amaury Bündgen
Éditeur : Casterman
Sortie : 15 mai 2024
Genre : Science-fiction

En 2021, nous avions découvert Amaury Bündgen et son univers très sombre avec l’excellent Ion Mud, très fortement influencé par le manga Blame. Il revient à présent avec Vertigeo, une dystopie tout aussi sombre réalisée en collaboration avec Lloyd Chéry, rédacteur en chef adjoint du magazine Métal Hurlant ainsi qu’Emmanuel Delporte.

Un cataclysme. Plus de soleil. Plus de vie. L’humanité frôle l’extinction. Les derniers hommes plantent sur le sol carbonisé les fondations de la première tour. Ainsi débute la poussée. Des siècles se sont écoulés et les tours poussent toujours vers le ciel, consommant hommes et matériaux à un rythme effréné. Mais lorsqu’une ingénieure en fuite croise la route d’un contremaître fatigué, tout bascule. Les croyances de cet homme explosent et il n’a plus dès lors qu’un seul but : découvrir l’effroyable vérité sur Vertigeo.

De nombreuses influences

Dès les premières pages, on perçoit les très nombreuses influences de cet l’auteur… que ce soit le décor d’apocalypse décrit dans les premières pages nous fait penser à La route de Cormac Mc Carthy et surtout à l’adaptation récente qu’en a faite Manu Larcenet, la verticalité de la tour qui nous rappelle Ion Mud, la première œuvre d’ Amaury Bündgen ou encore Arca, sorti récemment chez 404 éditions pour le côté absurde. Une œuvre aux nombreuses influences mais qui propose aux lecteurs un scénario original, métaphore moderne du mythe de Sisyphe qui voit l’humanité embarquée dans une aventure folle pour échapper à sa condition.

Une histoire à la cruauté froide dans la lignée des grands récits de science-fiction mise en valeur par un dessin que les lecteurs ayant lu Ion Mud reconnaîtront, une patte graphique en noir et blanc qui, dans le choix des costumes des personnages rappelle le caractère baroque des albums de Schuiten et Peeters.

Vertigeo n’est pas seulement un excellent récit de science-fiction, c’est également une critique implacable de la société de consommation moderne qui nous pousse à produire toujours plus pour atteindre un nirvana que peu de gens atteignent en réalité.