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    Le chantier. Quand tu crois qu’il n’y en a plus, il y en a encore

    Scénario : Fabien Grolleau
    Dessin : Clément C. Fabre
    Éditeur : Dargaud
    Sortie : 09 février 2024
    Genre : Roman graphique

    Flora vient de finir ses études d’architecture et d’intégrer un bureau reconnu, celui d’El Rodrigo, à Barcelone. Prix Méditerranée un an auparavant, on lui donne la direction d’un chantier, celui de Madame et Monsieur Bissaro. Le couple, très riche, veut faire construire une magnifique villa avec une vue splendide sur la mer. Flora se rend sur le terrain et commence à élaborer un plan pour que la nouvelle construction épouse les courbes d’un bel arbre que les Bissaro souhaitent abattre. C’est le début de leurs mésaventures communes, entrecoupées de petites citations sur la profession qu’on se doute provenir de personnes connues.

    Fabien Grolleau a été architecte avant de se rendre compte que ce métier stressant n’était pas pour lui, tel qu’il le décrit et l’explique dans la préface. Ce roman graphique paru en 2018 chez Marabulles et réédité chez Dargaud avec une nouvelle couverture et des bonus d’une dizaine de pages, reste tout de même un hommage à ces architectes qui se sacrifient et se coupent en deux pour leurs client.e.s. Les différentes phases d’un chantier sont ainsi parcourues, du choix d’une architecte à l’idée première se glissant dans la tête, en passant par les différents corps de métier qui débarquent l’un après l’autre (ou tous ensemble), pour créer ce qu’on espère être un « paradis » sur terre.

    Si on pouvait apercevoir le ton résolument optimiste de Grolleau dans Peindre avec les lions, au moins avait-il une ligne de fuite vers laquelle poindre : dessiner un monde passé autrement. Ici, rien de tout ça, il ne faut pas avoir une carrière d’architecte pour réaliser quels travers Flora aura sur son chemin. Et ces problèmes, elle les accumulera tous, comme tout architecte, sauf que ce n’en sont pas réellement, des problèmes. La narration, simpliste, coule d’un point d’accroche à l’autre sans poser question. Rien ne résiste à Flora, dans ce monde où les conflits humains se limitent à des chamailleries d’enfants et des grommellements. On rêverait d’y vivre.

    Un goût de trop peu

    Si le roman fait fantasmer par ces couleurs amenant le soleil des terres barcelonaises dans nos contrées, et par cette érection d’un bâtiment hors-norme sur un coin de terre paradisiaque, reste un goût de trop peu. Les dessins semblent peu travaillés. De plus, on attend un réel rebondissement, quelque chose d’inattendu, de surprenant : le patron mégalo, le sous-chef jaloux, les clients horripilants, la crise de nerf qui donne envie de démissionner… tout fait sourire mais la mayonnaise ne prend jamais vraiment, dans ce monde connu et archiconnu, comme si Grolleau passait un peu à côté de son histoire. Son objectif est peut-être tout de même atteint, et des gamins liront cette histoire en se projetant dans les pattes de Flora.

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