Titre : 2030
Auteur : Philippe Djian
Editions : Flammarion
Date de parution : 16 septembre 2020
Genre : Roman
L’idée de Philippe Djian était bonne : se représenter le monde dans 10 ans. A priori, ça nous intéresse tous de savoir de quoi demain sera fait et quel pourrait être l’impact du changement climatique dans nos vies. Roman attendu de la rentrée littéraire, 2030 est cependant décevant avec ses personnages en déroute et peu attachants, de même que ses descriptions d’ambiance trop rapides.
Philippe Djian, célèbre auteur de 37.2 le matin, a construit l’intrigue de 2030 autour de la vie d’une famille polarisée entre un entrepreneur sans scrupule et des combattants de la lutte contre le changement climatique, sur laquelle il greffe une histoire de cœur, celle de Greg, un homme rempli de tiraillements et Vera, une passionaria de l’éveil des consciences au dérèglement climatique.
Anton, l’entrepreneur véreux et pédophile ; Sylvia, sa femme et mère de ses deux belles-filles ; Aude, farouche et handicapée et Lucie, engagée dans la lutte contre le changement climatique, entourent le duo que forment Greg et Vera.
S’il y avait beaucoup d’éléments intéressants aux prémices de ce roman, on ressort de cette lecture un brin déçu. Le livre apporte des petites touches pour se représenter le climat dans dix ans, mais on reste sur sa faim sur ce qui aurait pu faire l’intérêt de ce livre : une description plus complète de l’impact du changement climatique sur la vie quotidienne et de la technologie sous nos latitudes. Certes, l’auteur fait des références aux casques (de réalité virtuelle), à la chaleur omniprésente, aux taxis aériens. Il évoque aussi régulièrement « la fille aux nattes » devenue adulte et la lutte devenue violente entre les climato-sceptiques et les défenseurs de l’environnement. Mais il peine à créer un décor complet dans lequel pourrait s’immerger le lecteur.
Philippe Djian fait plutôt la part belle à la mécanique familiale, un brin invraisemblable, et aux sentiments, qui relient les personnages. Le revirement de Greg, qui semble se rependre de son rôle pour conserver un pesticide nocif sur le marché, ne convainc pas. On se laisse plus entraîner dans la relation naissante entre Greg et Vera, la libraire et militante verte.
Dans l’ensemble, Philippe Djian donne le beau rôle à ses personnages féminins, seuls porteurs d’espoirs. Les deux hommes, ici représentés, sont soit abjects dans le cas d’Anton, ou terriblement fragiles, en ce qui concerne Greg.
Le style de Djian est particulier, composé de nombreuses phrases courtes et de propos rapportés. Dans ce livre qui comporte et soulève de nombreuses questions, il a pris le parti pris de se jouer des règles de ponctuation et a fait l’impasse totale sur les points d’interrogation. C’est franchement déroutant.
Annoncé comme un des livres phares de la rentrée littéraire, 2030 nous a déçu. Il plaira sans doute aux inconditionnels de Djian, qui y retrouveront des relations familiales en déroute.