Scénario : Sybille Titeux de la Croix
Dessin : Ameziane Hammouche
Éditeur : éditions du Rocher
Sortie : 6 janvier 2021
Genre : Roman graphique, anticipation
A l’heure où la surveillance décrite dans 1984, l’œuvre majeure de George Orwell s’apparente de moins en moins à de la science-fiction et où l’art de l’euphémisme et des déclarations vides de sens semblent avoir conquis le monde des médias, de la politique et de l’économie, la démarche de Sybille Titeux de la Croix et d’Ameziane Hammouche d’adapter le roman de George Orwell en bande dessinée est la bienvenue.
Winston Smith, le héros de 1984, est un employé du Ministère de la Vérité. Chargé de réécrire l’Histoire en fonction des directives du Parti, il est révolté contre le système de propagande en place sans savoir comment en sortir. Sa rencontre avec Julia, une jeune femme rebelle, va le faire basculer dans la résistance. Mais Big Brother voit tout et il n’y pas d’échappatoire pour les dissidents…
L’intérêt de cette adaptation est double : d’une part de faire connaître l’œuvre d’Orwell à un autre public en se concentrant sur les points marquants de celle-ci, et d’autre part, d’appuyer le message grâce à une mise en scène graphique qui accentue le côté glauque et inhumain du récit.
La soumission totale des esprits
D’un point de vue scénaristique, Sybille Titeux de la Croix a su condenser en 200 pages l’essentiel du propos d’Orwell, à savoir la surveillance permanente et en corollaire, la soumission totale. En effet, lorsque l’on évoque 1984, on pense souvent au système de surveillance généralisée, surveillance qui fait écho avec certains aspects de notre société actuelle. Mais comme le décrit si bien l’auteur dans son œuvre, le but final de cette surveillance est le pouvoir absolu et la soumission totale des esprits à la pensée unique de Big Brother.
Graphiquement, Ameziane Hammouche s’est également concentré sur l’essentiel, rendant l’univers d’Orwell atemporel. En épurant les décors, il arrive dès lors à construire un monde qui pourrait être le nôtre, ce qui permet une plus grande identification à l’histoire et aux personnages. La mise en couleur est elle aussi simple, oscillant entre des monochromes bleus, orange ou noir et blanc.
Au final, cette version de 1984 est une vraie réussite, les auteurs ayant réussi à recréer le monde totalitaire imaginé par Orwell tout en y ajoutant une touche moderne, ce qui ne fera que renforcer l’identification aux propos de l’auteur.