scénario : Luc Brunschwig, Aurélien Ducoudray
dessin : Armand
éditions : Le Lombard
sortie : 30 octobre 2015
genre : aventure
Dans la lignée de ce qu’ont fait Zidrou et Van Liemt avec Les Nouvelles enquêtes de Ric Hochet – qui apportait un souffle nouveau à une série qui semblait figée dans le temps – Armand, Brunschwig et Ducoudray donnent une nouvelle vie au personnage d’Henri Vernes, de manière plus conventionnelle, mais en modernisant considérablement le personnage et son environnement.
Dans cette nouvelle version de Bob Morane, le héros est initialement un casque bleu de l’ONU qui, jugé pour intervention non-réglementaire lors d’une mission au Nigeria, se voit débauché par un politicien dont il a sauvé la vie pour devenir son conseiller. Quelques temps plus tard, le politicien en question et l’ordre mondial sont menacés par une organisation terroriste qui milite contre l’utilisation d’une technologie révolutionnaire qui apporterait l’éducation dans les villages reculés d’Afrique, mais qui aurait peut-être aussi des effets néfastes sur l’inconscient collectif des masses.
Ce premier tome du « reboot » de Bob Morane installe une intrigue complexe, dans un esprit plus proche des séries télévisées contemporaines que du système narratif finalement assez répétitif du modèle original. L’aspect espionnage et politique-fiction de l’intrigue ainsi que la caractérisation du personnage principal ne sont d’ailleurs pas sans rappeler certaines saisons de 24 heures chrono.
D’autre part, cette Renaissance fait également allégeance à son modèle, notamment par l’introduction de quelques personnages « historiques » tels que Bill Balantine, Miss Ylang-Ylang ou encore – in extremis – l’Ombre Jaune. Mais leurs apparitions sont pleinement intégrées à l’intrigue, laissant augurer d’un développement à la fois passionnant et foisonnant, même s’il est difficile de se faire une idée arrêtée de ce que vaudra cette nouvelle série, tant le premier épisode ne fait qu’en jeter les bases.
Ce qui transparaît surtout à travers cet album, c’est la volonté de rajeunir la franchise, de l’actualiser et, enfin, de la débarrasser de tout un imaginaire passéiste et réactionnaire qui parasitait quelque peu la mémoire des vieux romans et albums d’Henri Vernes. Tous les personnages sont ici à égalité et les problématiques géopolitiques, même totalement fictives, y sont abordées sérieusement et non de manière unilatérale.