scénario & dessin : Aimée de Jongh
éditions : Dargaud
sortie : 29 janviers 2016
genre : roman graphique
Enfant, Simon rêvait d’être ornithologue mais la vie n’en a pas décidé ainsi. Après le décès de son père, il a repris l’affaire familiale et est devenu libraire en province avec sa compagne Laura. Un jour, lors d’un trajet jusqu’à la réserve de livres, il est témoin d’un suicide en lisière de forêt. Une violente scène qui ravive en lui des souvenirs douloureux qu’il avait enfouis à l’adolescence. Entre le commerce de son père qui périclite et son sentiment de culpabilité pour non-assistance à personne en danger, Simon est en proie à de nombreux questionnements et doutes au point de voir le passé et le présent se mélanger dans des sentiments confus.
Couronnée du prestigieux prix Saint-Michel (Bruxelles) pour ce premier roman graphique, la jeune et prometteuse néerlandaise Aimée De Jongh dépeint, en multipliant les allers et retours dans le temps, le sentiment de culpabilité et d’impuissance du héros face à deux accidents tragiques qu’il n’a pu éviter. A travers son héros, miné également par les remords de devoir céder l’affaire familiale héritée du père et du grand-père, Aimée De Jongh aborde le monde du livre sans en occulter les dérives : la valeur du livre-objet, le métier de libraire en voie de disparition, l’évolution du marché avec l’arrivée d’internet et du numérique. Même si la plume n’est pas toujours très joyeuse, la jeune dessinatrice réussit à imposer une charge symbolique et poétique par l’entremise d’un oiseau, la bondrée apivore.
Le dessin d’Aimée De Jongh, un noir et blanc expressif avec un encrage puissant, participe pour beaucoup à l’atmosphère lourde dans laquelle baigne Simon. On est, par contre, plus réservé sur l’intrigue du scénario et la dramatisation trop appuyée de certaines séquences. Même si le récit évite de tomber dans le mélodrame, il nous reste au final une impression de pesanteur. L’auteure a marqué son histoire d’une ambiance un peu trop sombre pour être réellement touchante.