Une création du Collectif Hold Up avec Lucie Flamant, Anaïs Grandamy, Léa Le Fell, Paul Mosseray, Aline Piron et Esther Sfez. Du 09/11 au 25/11 au Théâtre des Riches Claires.
Dans un immeuble imagé par l’enfilement de six petits box, six voisins se rencontrent, s’observent, s’épient pour mieux s’apprivoiser. Retour sur l’allégorie d’un monde empli de poésie.
Six appartements, six personnages. Voilà la formule magique qu’a choisi le collectif Hold Up pour mettre en scène sa nouvelle création, Le Paradoxe du tas. Six voisins loufoques, maladroits, peureux mais aussi cocasses vont, au détour de leur palier, se croiser, se manquer dessinant ainsi l’absurdité de nos communications actuelles, poussée à son paroxysme.
La communication elle, est justement peu présente, où du moins revisitée par une succession de mimes, de danses abracadabrantes et d’acrobaties en tout genre où le corps devient maître du jeu, outrepassant la parole. Cette chorégraphie exacerbée du corps évoque lointainement l’attitude des personnages des vieux Tex Avery, ce qui à coup sûr, enchantera le plus jeune public. S’ajoutent à cela, des créations musicales bien rythmées qui viennent se glisser ici et là pour le plus grand plaisir de nos oreilles.
La mise en scène se veut burlesque et le comique de situation est omniprésent créant ainsi un enchainement de situations extravagantes qui ne manquera pas de faire sourire les plus intransigeants.
Sur scène, les comédiens nous offrent un joyeux patchwork stéréotypé des tempéraments humains. De la jeune fille de la plage un peu farouche, à la nouvelle voisine plutôt gênante, en passant par l’écolo-bobo accro au coca, tous vont graduellement et à mesure de leurs rencontres manquer, se replier sur eux mêmes.
Bel écho à ce que nous vivons certainement tous quotidiennement.
Et puis, un drôle d’incident va chambouler la situation poussant nos six protagonistes à sortir de leurs coquilles. Naturellement une question toute bête et pourtant pas si évidente se pose : on fait comment déjà pour vivre ensemble ? Ou plutôt comment fait-on pour – bien – vivre ensemble ? S’en suit un amusant débat philosophique, où chacun se demande ce que représente un grain de poussière et ce que créent ensemble deux grains et ainsi de suite.
Cette jolie métaphore du 1+1 pour parler de l’humanité, nous donne matière à réfléchir et nous invite à repenser notre individualisme de plus en plus prégnant. Et si en fait, on pouvait déjà bousculer les choses à notre échelle ?
Le paradoxe du tas c’est ça : des interrogations subtiles et une bonne dose d’humour surréaliste. Au final, c’est un jeu gagnant pour le collectif Hold Up, même si avec tout ça on aurait presque aimé les voir jouer encore plus longtemps.