100 million views
d‘ Itamar Rose
Documentaire
Présenté dans le cadre du Festival Millenium 2020
Contrairement à ce que le titre du documentaire pourrait laisser penser, le sujet principal de 100 million views n’est pas la folle épopée du réalisateur Itamar Rose pour devenir célèbre, mais plutôt l’analyse de l’évolution au cours des 15 dernières années de Youtube et de ce que ces changements révèlent sur notre société.
Itamar a une obsession : enfin faire une vidéo avec des “vues” sur Youtube. Lui aussi, veut accéder à la success story que tant ont connus… Du double rainbow all the way à David after dentist … Itamar est allé à la rencontre de tous ceux qui ont, à leur manière et en leur temps cassé l’Internet, pour enfin comprendre comment parvenir à faire une vidéo à 100 millions de vues.
Promesse non tenue
Pensé au départ pour héberger les vidéos d’une gigantesque communauté diversifiée tant au niveau du genre, de l’origine ethnique et des opinions de ses contributeurs, Youtube est devenu, comme le montre ce documentaire, une machine à générer du profit. Et pour ce faire, il a évolué au gré des contraintes financières et de la pression de certains groupes pour censurer des contenus jugés offensants. Car comme partout sur les réseaux sociaux, rien n’est jamais neutre et ce que vous voyez sur votre page d’accueil n’est souvent que le résultat des choix de l’algorithme du site en question. La plateforme est donc devenue plus mercantile… mais ce qui est intéressant de noter, c’est qu’une partie de la communauté a évolué en parallèle avec le site, devenant elle aussi obnubilée par les gains financiers procurés par la publicité, et ne cherchant plus qu’à créer des vidéos générant le plus de vues.
Une gestion opaque
Bien entendu, on pourrait s’attrister du manque d’intérêt artistique de la majorité des vidéos, de la course au profit qui peut se traduire également par un achat d’abonnés ou de vues, mais au final, un des aspects les plus inquiétants de la transformation du site est sa perméabilité face aux pressions externes quant à ce qui peut ou ne peut pas être diffusé et surtout sa grande opacité par rapport aux critère utilisés pour justifier ce choix.
Si à l’origine la promesse de Youtube était de proposer une plateforme permettant à chacun de partager du contenu, il semblerait que ce soit de moins en moins le cas, faute de visibilité offerte à ceux qui voudraient discuter de sujets plus sensibles ou polémiques, ou simplement ne rentrant pas dans le cadre d’une pensée et d’une culture dominante et aseptisée. Mais au final, les dérives montrées dans 100 million views ne sont-elles pas le propre de tous les réseaux sociaux ?