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    « L’Extase du selfie » : ces gestes qui nous trahissent

    Titre : L’Extase du selfie
    Auteur : Philippe Delerm
    Editions : Seuil
    Date de parution : 12 septembre 2019
    Genre : instantané littéraire, recueil, essai

    Né en 1950, Philippe Delerm a suivi des études de lettres à la faculté de Nanterre et a effectué une carrière dans l’enseignement. Passionné par la poésie et l’étude du quotidien, il a publié de nombreux romans, récits et autres essais.

    L’inventeur et unique représentant de l’instantané littéraire nous livre un ouvrage délicieux et poétique. Qui pourrait croire un instant que le vapotage, le fait de tenir un verre à la main, le selfie ou le swipe, … soient autant d’instants de vie empreints de charme et de beauté ?

    Tout est matière pour ce philosophe, des gestes les plus anodins à ceux obligatoires en passant par les nouveaux. Contemplatif, Philippe Delerm parvient à décrypter les usages numériques actuels avec une grande pertinence. Ces gestes que nous faisons tous inconsciemment trahissent notre identité, notre caractère et notre comportement face à d’autres situations. L’auteur ne fait pas dans la simplicité car les habitudes décrites sont fréquemment critiquées : le selfie est souvent perçu comme un comportement narcissique. « Les psychologues se régalent. Il y a tout leur arsenal, le ça, le je, le moi, dans ce théâtre du reflet. Mais quelle part de moi dans tout ce jeu ? Est-ce qu’on s’invente un peu à s’éloigner de soi, à étendre son bras ? Est-ce qu’on s’approche à s’écarter – est-ce qu’on existe ? ».

    Les rituels réalisés en société ou au travail sont aussi importants et bien décryptés, car ils appartiennent à une perspective qui nous dépasse. Nombreux sont ceux qui ont acquiescé les paroles d’un responsable sans en connaître les raisons : «Cette oscillation légère s’accompagne d’un regard perdu dans le vague, et comme résigné. On accepte. Ce qui vient d’être dit, oui mais davantage encore : ce que l’on est, ce qui nous est promis, et une fatigue intérieure qui échappe malgré soi ».

    Le père de Vincent s’intéresse donc aux moindres détails d’un geste quotidien et parvient à donner une autre dimension à un événement banal. L’écriture est extrêmement fine et intelligente même si elle est parfois acérée, acerbe. Les descriptions sont minimalistes.

    A savourer !

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