Tous les chats sont gris
de Savina Dellicour
Drame
Avec Manon Capelle, Bouli Lanners, Anne Coesens, Aisleen Mc Lafferty
Sorti le 29 avril 2015
Dans une banlieue résidentielle huppée, Dorothy (Manon Capelle) est en pleine crise d’adolescence et se questionne sur les origines de son père biologique. Paul (Bouli Lanners), détective privé, sait qu’il est le père de Dorothy et la guette au volant de son vieux bolide… jusqu’au jour où Dorothy lui demande d’enquêter sur l’identité de son véritable père.
Dans ces quartiers où les maisons s’alignent et se ressemblent, les uns sont liés aux autres et les secrets de famille ne manquent pas d’éclater au grand jour. Tous les chats sont gris dresse, non sans difficulté, le portrait d’une jeune fille en pleine errance dans une société bourgeoise sclérosée.
La réalisatrice Savina Dellicour signe ici un premier film aux accents très british (elle a d’ailleurs une carrière impressionnante de l’autre côté de la Manche), penchant malheureusement plus du côté du soap opera que du réalisme à la Mike Leigh.
Alors que les thématiques du film sont largement répandues au cinéma (la crise identitaire, les non-dits familiaux, le rapport mère-fille), le récit évite les clichés mais prend un temps infini pour se mettre en place, laissant le spectateur pantois devant des longueurs très souvent inutiles. Il est alors commun de dévoiler tous les éléments de l’intrigue pour faire avancer la narration au lieu de laisser progressivement les pistes et fausses pistes du film gagner l’attention du spectateur. Ainsi, les séquences se répondent les unes aux autres sans grande subtilité et les révélations ne se font qu’à travers des dialogues lourdement chargés.
Quant à la réalisation, c’est là où le bât blesse : d’une part, la mise en scène est généralement maladroite, donnant un aspect ‘série télé’ au film et d’autre part, le ton du film, chavirant entre drame et burlesque, n’est pas suffisamment affirmé.
Toutefois, l’interprétation n’est jamais fausse, ce qui confirme le talent des uns (Bouli Lanners, Anne Coesens, Astrid Whettnall) et dévoile le talent des autres (Manon Capelle, Aisleen Mc Lafferty).
Pour conclure, Tous les chats sont gris présente néanmoins quelques qualités et un jeu d’acteur sans faute mais ceux-ci sont éclipsés par un scénario redondant et un cruel manque de cinéma. Ces différents bémols font que la sauce ne prend malheureusement pas.