Ce 28 mai, le Cirque Royal accueillait la chanteuse Tori Amos pour la tournée de son quatorzième album : Unrepentant Geraldines (dont vous pouvez retrouver la chronique ici).
Contrairement à beaucoup de chanteuses pop, Tori Amos a su se démarquer dès le début de sa carrière solo en prenant parfois des risques et en multipliant les expérimentation. On avait ainsi pu la voir dernièrement au Bozar accompagnée du Metropole Orchestra afin d’interpréter son répertoire de tubes réorchestrés pour l’occasion.
En effet, depuis son passage chez Deutsche Grammophone, les albums de Tori avaient pris une direction très classique. Etrangement, elle semblait aussi moins inspirée dans ses compositions laissant la part belle à l’orchestre qui meublait un peu.
Unrepentant Geraldines marque sans conteste le retour à la pop ainsi que des accompagnements guitare, basse et batterie pour Tori.
On pouvait donc s’attendre à retrouver une configuration live telle que sur la tournée de Abnormally Attracted To Sin. Et c’est là qu’elle nous surprend une fois de plus en nous proposant une formule solo.
Sur scène, seuls son piano et un synthé lui faisant face sont présents.
Nous voilà donc avertis.
Il est 21h, les lumières s’éteignent et Tori fait son apparition. Le début de ce concert n’étonnera pas les fans de la chanteuse qui auront vu les photos de ses précédentes setlists sur les réseaux sociaux. En effet, la soirée commence avec Parasol, une chanson issue de l’album The Beekeeper.
Mais on ne tarde pas à voyager vers l’inconnu quant au reste de la setlist. Tori entame ainsi un morceau qui aurait dû figurer sur l’album Under The Pink : Honey. Mystérieux et envoûtant, on sent davantage toute la puissance de ce morceau dans cette performance live et l’on comprend ainsi pourquoi Tori regretta son choix de retirer cette chanson de l’album.
On retrouve aussi dans cette composition quelque chose de plus mûre que ce qui avait été délivré sur ce disque. Une mélancolie et une gravité qui aurait peut-être mieux convenu aux albums que la chanteuse allait faire quelques années plus tard.
Bien entendu, comme beaucoup d’artistes anglo-saxons, on peut apprécier la musique de Tori Amos sans se soucier des paroles. (Contrairement aux artistes français souvent jugés avant tout pour leurs textes). Mais lorsque l’on se penche sur les paroles de Icicle, on se rend compte qu’il ne faut pas nécessairement s’appeler Madonna pour être provocante.
Weatherman sera le premier extrait de son dernier album. Un titre dont le rythme fait penser à d’autres chansons qui ont fait la renommée de la chanteuse et des passages où pureté de la voix de Tori est mise en avant. La performance de Tori fut également surprenante sur le morceau Marys of the Sea où elle nous fit naviguer en muant sa voix tantôt douce, tantôt roque et enragée.
Un peu de légèreté, ensuite, avec Father Lucifer qui semble n’avoir pris une ride.
Puis, vient le moment des reprises. On connait le talent qu’a Tori pour reprendre des titres de façon surprenante comme elle l’avait fait avec Nirvana et bien d’autres. Là ce fut Sorry Seems To Be The Hardest Word de Elton John et Famous Blues Raincoat de Leonard Cohen qui furent choisies pour le concert de Bruxelles.
Take To The Sky remit un peu de pêche au set. Tori en profite pour battre le rythme en frappant son Bösendorfer, ce qui entraîne le public à frapper des mains à son tour. Elle conclut ce titre d’une façon magistrale en délivrant toute sa puissance vocale. Un moment vraiment magique !
Elle jouera ensuite Home On The Range à l’orgue. Puis, chose surprenante, Cornflake Girl en playback. Et oui, la formule piano solo faisant un peu tache pour ce morceau, il fallait bien trouver une parade pour interpréter l’inévitable tube.
Certes, le public fut ravi d’entendre sa chanson préférée, mais il faut reconnaître que cette façon de faire avait de quoi déconcerter.
Le même effet se produisit sur Wedding Day (second extrait de son dernier disque). Voir la grande Tori accompagnée de fantômes, ça fait un peu trop faux…
Le défaut aussi que l’on pourrait noter (mais qui n’est pas propre à ce concert en particulier) c’est le peu de communication qu’a la chanteuse avec son public à qui elle n’adresse pratiquement pas la parole.
Mais bon, au-delà de ce faux pas, il faut souligner la superbe performance de cette grande dame dont le talent n’est plus à démontrer.
A cinquante ans, Tori démontre une fois de plus que rien ne sert de courir après le succès en suivant les modes éphémères de la radio. Il suffit au contraire d’affirmer son style et de persévérer.
Photos du concert: Christophe Pauly